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Libération

Immobilier : suites et fin pour Martinsa-Fadesa

publié le 2 mars 2015 à 20h06

Jusqu'au bout, ce mastodonte de la promotion immobilière a lutté pour rester en vie. Mais Martinsa-Fadesa n'a pas pu éviter la faillite, son énième plan de sauvetage ayant été rejeté lundi par les trois quarts de ses créanciers. Avec un trou en caisses de 4,6 milliards d'euros, le roi des promoteurs espagnols avait peu de chances de s'en sortir. Et maintenant, «tout porte à croire que l'entreprise va être liquidée et ses actifs partagés entre les créanciers, qui sont en majorité des institutions financières», a expliqué Pablo Kindelan, du cabinet de consultants DTZ.

L’inexorable chute de Martinsa-Fadesa rappelle, et illustre, ce que fut la folie des grandeurs espagnole, jusqu’au krach immobilier de 2008. A l’époque, les crédits étaient pratiquement illimités, et les grands promoteurs multipliaient les projets pharaoniques, principalement le long du littoral. Il n’y a qu’à se promener le long des côtes pour mesurer l’étendue des dégâts, sous la forme d’innombrables cités-fantômes de béton à moitié habitées. Ce qui étonne, dans cette affaire, est que le promoteur - présent du Maroc à la Pologne en passant par la France - ait pu tenir aussi longtemps. En 2008, peu après l’explosion de la bulle immobilière, Martinsa-Fadesa subit le dépôt de bilan le plus important du pays, affrontant une dette gigantesque de 7,2 milliards d’euros. Trois ans plus tard, en mars 2011, le groupe est sauvé miraculeusement par un plan de remboursement devant s’étaler sur une dizaine d’années. Impossible de maintenir cette perfusion plus longtemps, disent des créanciers confrontés à des limitations de crédits désormais bien plus strictes.

Le sort de cette entreprise dirigée par Fernando Martin fut en réalité scellé dès 2008. Le groupe Martinsa rachète alors plus de la moitié des parts de Fadesa à Manuel Jove, une des grandes fortunes espagnoles, en pensant faire une bonne affaire. Or, il s’avère vite que la valeur de Fadesa a été surévaluée et que sa dette, colossale, atteint environ 4 milliards d’euros. L’avènement du krach fera le reste. Le groupe rejoint donc le cimetière des éléphants immobiliers, déjà bien peuplé en Espagne. L’an dernier, le secteur qui a connu une bonne purge a profité d’une timide reprise avec une croissance de 2,2%.