Le Mipim, qui se tient dans le palais des Festivals à Cannes, est le premier marché de l’investissement immobilier en Europe et l’un des plus gros du monde. Investisseurs, promoteurs et constructeurs y tiennent vitrine mais pays, villes et territoires aussi. Aux seconds d’attirer les premiers.
A ce jeu-là, on pourrait penser que Londres part avec une longueur d’avance. Ce mardi matin, premier jour de la manifestation, sir Edward Lister, maire adjoint de Londres, a coupé le ruban au-dessus d’une gigantesque maquette du Grand Londres, montrant tous les projets récents ou à venir que la ville résume par un chiffre : 58 milliards de livres d’investissements (81 milliards d’euros). Très bien.
Deux heures plus tard, voilà le même Edward Lister au pupitre de l’une des salles de conférence, pour vanter les charmes économiques de sa ville. Et là, qu’apprend-on ? Que même à Londres, tout n’est pas si facile.
«Nous avons besoin de construire 49 000 logements par an et nous n'en sommes qu'à 20 000 ou 25 000», dit-il. On croirait entendre les élus de la région parisienne qui se plaignent régulièrement d'un déficit du même genre. Après quoi, il annonce que Londres a «identifié 38 zones avec un énorme potentiel de construction qui pourrait représenter jusqu'à 400 000 logements». Là, c'est plutôt la voix de Manuel Valls qu'on entend, parlant de ses opérations d'intérêt national pour relancer la construcion dans le Grand Paris. Pour être bien clair, sir Lister résume : «Si vous êtes un promoteur qui construit à Londres, c'est bien. Nous avons juste besoin que vous bâtissiez deux fois plus.»
Garder les pubs et faire disparaître la voiture
Après quoi, il évoque les pubs, «une part de l'identité de Londres qui disparaît trop vite parce qu'ils sont trop faciles à transformer». Qu'on se le dise, au pays du libéralisme, de nouvelles règles vont empêcher ce type de micmacs. Tiens, comme ce que Paris tente de déployer pour protéger ses librairies.
Vient enfin le problème de la voiture. On sait que Londres est l'une des rares villes d'Europe qui a instauré un péage dans le centre-ville, la congestion charge. L'élu explique que dans le centre, la municipalité compte bien poursuivre sa politique. «Les promoteurs nous disent que nous sommes trop restrictifs.»
Dans le public, justement, l'un d'entre eux prend la parole. Il raconte comment le maire du «borough» central, où il doit construire, lui a «demandé plus de parkings». Sir Lister admet que certains maires locaux «peuvent avoir un message assez confus. Le mieux, conseille-t-il, c'est que vous discutiez avec nous. Quand vous aurez rencontré mon collègue des Transports, qui est très borné sur la question automobile, vous verrez que le message n'est pas du tout confus». Le propos général non plus. «Nous voulons que les entrepreneurs prospèrent», a résumé l'élu.