Tim Cook n'en a pipé mot lors de son keynote de lundi centré sur l'Apple Watch, mais la rumeur d'une «iCar» revient à vitesse grand V. En interpellant tout récemment le patron d'Apple sur l'opportunité de racheter le constructeur Tesla Motors, les actionnaires de la firme à la pomme ont relancé la rumeur d'une offensive imminente d'Apple dans la voiture «intelligente». Il est vrai que le temps presse : entre Tesla et ses berlines électriques (lire ci-contre) et les progrès de Google dans le développement de la voiture autonome et accessoirement électrique, c'est incontestablement en Californie que s'écrit une nouvelle page de l'histoire de l'automobile. Avec, à la clé, une véritable percée technologique proposée par les start-up de l'automobile et géants de la high-tech venus de la côte Ouest.
«Titan». La percée est suffisamment importante pour que l'inventeur de l'iPhone veuille embarquer dans tout ce qui roule. Soit en intégrant le tableau de bord des voitures des autres constructeurs, soit en développant sa propre «iCar», ou encore les deux à la fois. Plus d'une centaine de salariés travailleraient ainsi déjà dans un site tenu secret sur le projet « Titan », visant à la production d'un minivan électrique et autonome. Une chose est sûre : à en croire leurs profils LinkedIn, de nombreux spécialistes de l'automobile ont rallié la firme de Cupertino. Interrogés sur les risques que ferait peser l'arrivée parmi eux d'une entreprise comme Apple, la plupart des constructeurs automobiles bottent en touche. «J'accueille à bras ouverts l'intérêt d'Apple, de Google et d'autres pour l'automobile», a ainsi déclaré le patron de Volkswagen, Martin Winterkorn. Selon ce dernier, l'arrivée des leaders de la high-tech ne peut que contribuer à intéresser à l'automobile les nouvelles générations ayant grandi entourées d'objets connectés… De fait, les 18-35 ans se détournent de la sacro-sainte bagnole de leurs parents, privilégiant les nouveaux modes d'autopartage à l'achat d'un véhicule. Même accueil chez le PDG de Fiat-Chrysler, Sergio Marchionne, pour qui l'arrivée des géants californiens serait «exactement ce dont ce secteur a besoin». Chez Renault, Vincent Carré, directeur commercial «véhicules électriques», constate que «la venue d'Apple ne serait pas surprenante si l'on sait que les ventes de voitures électriques constituent actuellement une poche de croissance de 50 à 200% alors que le marché automobile est, lui, en stagnation». «Surtout, ajoute-il, il n'y a pas une seule ville en Europe qui ne se prépare à la mise en place d'un système d'autopartage équipé de voitures électriques.»
Mais les constructeurs historiques ont-ils vraiment pris la mesure de la menace ? Fort de ses 700 milliards de dollars de capitalisation boursière et d’une trésorerie estimée à 180 milliards, Apple pourrait s’offrir n’importe lequel d’entre eux en un rien de temps.
Pistons. Peu de chance toutefois que la firme à la pomme opte pour un rachat de Ford ou Fiat-Chrysler. Tim Cook se verrait plutôt au volant de la voiture du futur «made in California» développée par Tesla… Bataille potentielle en vue avec Google, qui a financé le lancement de la start-up d'Elon Musk il y a près de dix ans.
L’industrie automobile est en tout cas à un tournant. Après les jeux, la musique, l’information, les divertissements et les services, la voiture est à son tour en voie de numérisation. Et la plupart des constructeurs automobiles planchent actuellement sur des voitures qui seront aussi des smartphones sur roues. On voit mal la firme de Cupertino laisser passer cette chance de pénétrer un secteur industriel où l’électronique high-tech est en passe de remplacer le traditionnel moteur à pistons. D’autant que demain, avec l’avènement des voitures connectées, c’est une immense source de données qui pourront être collectées et analysées par les champions du big data de la Silicon Valley.