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Libération
Eclairage

Recherche produit, bien sous tout rapport…

Rendement réel, imposition, fiscalité, frais cachés…
(www.SuperCar-RoadTrip.fr / Flickr)
par Gilles Pouzin
publié le 22 mars 2015 à 17h46

Tous les placements ne se valent pas, certes. Mais leur réputation est souvent déconnectée de la réalité. Beaucoup sont injustement délaissés ou au contraire, attirent à tort, sans que leur réputation soit justifiée par leurs caractéristiques réelles : rentabilité, risques, frais et fiscalité. Florilège des vraies et fausses mauvaises réputations.

La crise a eu un double effet sur les placements financiers et sur la psychologie des épargnants. D’un côté, le rendement des placements sans risque est devenu ridicule à cause de la baisse des taux des banques centrales. De l’autre, les krachs boursiers de 2001, 2002, 2008 et 2011, ont rendu les épargnants très frileux vis-à-vis des placements dynamiques traditionnels comme les actions.

Disponibilité. Souvent méprisés pour leur faible rendement, le Livret A et le LDD restent de bons placements. Réduit à 1%, leur taux d'intérêt n'est guère impressionnant, expliquant les 6 milliards d'euros de retraits par les épargnants en 2014 (sur 365). Mais ce sont presque les seuls placements sûrs et disponibles, totalement exonérés d'impôts et sans aucun frais. Résultat : 10 000 euros placés pendant un an à 1% en rapporteront 100.

Cela ne paraît pas lourd mais en retirant les frais et taxes, beaucoup de placements affichant des taux plus élevés se révèlent moins rentables. Certaines banques en ligne proposent ainsi des livrets à 1,5%. Une fois enlevés les prélèvements sociaux et fiscaux (respectivement 15,5% et 24%), 10 000 euros ne produisent que 90 euros sur un an, soit 10% de moins que le modeste livret A.

Les fonds en euros des contrats d’assurance-vie des banques génèrent de meilleurs revenus, autour de 2,5%. Mais certains prélèvent des frais d’entrée de 1 à 3% qui amputent fortement ce taux. Auxquels s’ajoutent en plus des prélèvements sociaux de 15,5%. Sans compter les pénalités fiscales en cas de retrait avant huit ans.

Objectifs. A l'inverse, d'autres placements jouissent d'une bonne réputation injustifiée au regard des risques cachés et des déceptions qu'ils causent aux épargnants. La liste est longue. Il y a d'abord tous ces placements «à formule», qui promettent par exemple un «objectif 8% par an», en expliquant en petits caractères que l'on perdra son argent si la Bourse recule de 30% ou plus en huit ans. C'est aussi le cas des PME innovantes, dans les fonds de placements à risque (FCPI) ou sur Alternext, dont les projets fabuleux appauvrissent plus souvent les épargnants qu'ils ne les enrichissent. On peut encore mentionner les mirages de la défiscalisation, ou d'improbables biens immobiliers prétendument autofinancés, qui s'avèrent des gouffres de dettes, invendables et sans locataires.

Miroirs. La palme des supercheries revient aux pseudo-placements en biens divers. Diamants, timbres, lettres et manuscrits, montres de luxe ou bouteilles de vin, éoliennes et panneaux solaires, containers, mobil-home ou villas au bout du monde font partie de ces placements «en biens divers», surtout synonymes de traquenards. Selon un sondage Ifop de fin 2013, quatre Français sur dix considéraient pourtant que le vin, l'art ou la forêt étaient des placements peu risqués (contre 10% pour les actions) et un Français sur trois estimait que faire ce type de placement était une bonne façon de conserver ses économies (contre 20% pour les actions) !

Les déceptions sont généralement à la hauteur de ce malentendu. Même s’il reste quelques bouteilles pour noyer son chagrin.