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Libération
Reportage

A Trémery, de «l’oxygène» pour les moteurs de PSA

En Moselle, le groupe a annoncé, en présence de Hollande, un investissement de 60 millions d’euros.
Francois Hollande à l'usine PSA de Trémery, le 27 mars. (Photo Pascal Bastien)
publié le 27 mars 2015 à 19h26
(mis à jour le 27 mars 2015 à 19h26)

C’est le François Hollande des bonnes nouvelles qu’ont rencontré les ouvriers de PSA de Trémery vendredi matin. La veille, le comité exécutif du constructeur a décidé d’attribuer à l’usine mosellane la production d’un nouveau modèle de moteur. En concurrence avec le site espagnol de Vigo, l’unité française a finalement raflé la mise. Aussitôt au courant, François Hollande a sauté dans un avion pour venir l’annoncer aux salariés. Une belle séquence à la veille du second tour des départementales.

Le groupe va investir 60 millions d'euros dans cette nouvelle ligne qui produira 200 000 unités annuelles à l'horizon 2018. Pas d'embauche en perspective, pas de licenciement non plus. «On n'est pas tiré d'affaire», dit un des 3 700 salariés du site (dont 400 intérimaires). «C'est une bouffée d'oxygène, mais pour combien de temps ?» interroge un autre. «1 200 emplois ont été supprimés à Trémery ces dix dernières années», indique la CGT.

«Gratter». Le nouveau moteur sera à essence. Rassurant, car sur les 1,5 million de moteurs qui sortent chaque année du site, plus des trois quarts sont diesel. Les ouvriers en veulent à Ségolène Royal qui, à peine arrivée au ministère de l'Ecologie, a promis d'en finir avec ce carburant. Puis il y a les réguliers pics de pollution aux particules fines, la hausse de la taxation… Du coup, le marché recule : 73% des Français optaient pour un diesel à l'achat en 2012, contre 64% l'an dernier.

Dans le hall du bâtiment administratif, le PDG, Carlos Tavares, reste prudent quant au «frémissement de l'économie» ressenti par l'exécutif français. Il va saluer les syndicalistes, en retrait. «On espérait que vous n'annonceriez la décision que lundi, histoire de ne favoriser aucun candidat pour les élections», lui lance un délégué. Tavares, du tac-au-tac : «Nous respectons le calendrier de l'entreprise.» Et puis Hollande vient aussi en tant qu'actionnaire de PSA. En 2014, alors que le constructeur était au bord du gouffre, l'Etat lui apportait une garantie de 7 milliards d'euros et entrait à son capital, aux côtés du chinois Dongfeng. Il détient 14,1% des parts. «Ce qu'il faut, c'est montrer ce qui repart», a dit Hollande, avant une visite de l'usine au pas de course.

Voilà un an que PSA a lancé son plan de restructuration «Back in the race». «Il a fallu gratter partout. Nos salaires sont gelés, on a subi beaucoup de chômage partiel», souligne un ouvrier. La branche auto est presque revenue à l'équilibre. La perte nette a été ramené de 2,3 milliards d'euros en 2013 à 706 millions en 2014. «L'industrie automobile française se redresse, il y a des signes de rebond. Pour la première fois depuis dix ans, la production repart à la hausse avec […] une augmentation de 5%», s'est réjoui le Président. Quand il se pose en défenseur du diesel, les ouvriers applaudissent. Il a même annoncé à partir du 1er avril une prime à la conversion en plus du bonus écologique. Les propriétaires de diesels antérieurs à 2001 pourront toucher 10 000 euros de subvention pour l'achat d'un véhicule neuf électrique ou 6 500 euros pour un hybride rechargeable.

«Turbo». Hollande est revenu sur le fiasco Ecomouv. Avec encore une «bonne nouvelle». Un centre d'appels qui travaillera pour Pôle Emploi sera installé en banlieue de Metz, sur le site de la plateforme dédiée à la collecte de l'écotaxe, avec 100 à 150 emplois à la clé. Quant aux 130 douaniers mutés à Metz pour s'occuper de feu la taxe poids lourds, le Président leur a trouvé une nouvelle occupation : la taxe à l'essieu. Hollande termine par «vive le turbo, vive le moteur à essence, vive la reprise de l'économie française…»