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L'objet

Amazon veut nous coller des boutons

EcoFuturdossier
Lessive, café, papier toilette… Le géant du e-commerce veut truffer nos maisons de logos connectés qui permettent de commander tous les produits courants en un clic. Ou comment consommer plus sans y penser.
(Monkey Business Images)
publié le 5 avril 2015 à 18h02

La religion d'Amazon peut se résumer en deux grands principes, sur lesquels le premier marchand en ligne de la planète a construit toute sa réputation : vendre tout ce dont le consommateur a besoin – ou pas – et lui permettre d'acheter de la manière la plus rapide et la plus facile possible. C'est-à-dire «en un clic».

Grâce au «dash button» mis au point par ses ingénieurs, plus besoin de tapoter sur son ordinateur ou son smartphone pour refaire les stocks de papier toilette, lessive, sacs-poubelles et autres dosettes de café. Il suffit de coller ces petits boîtiers connectés équipés d'un bouton et identifiés par la marque du produit sur sa machine à laver ou sa cafetière pour commander le paquet ou les capsules manquantes, comme le montre la vidéo de démonstration maison ci-dessous :


Fournis gratuitement, ces mini-objets connectés sont destinés à être collés partout : dans le placard ou sur le grille-pain, la machine à laver ou encore le dérouleur de papier toilette… De quoi transformer votre appartement en rayon de supermarché en le redécorant aux couleurs des logos des marques. Visuellement envahissant mais diablement efficace, promet Amazon, qui nous proposera peut-être un jour prochain de commander un bien d'un simple clignement de l'œil. On a bien le droit de cauchemarder.

Des notifications sur smartphone

Cette version physique de «l'achat en un clic», breveté en premier par Amazon, a même prévu le cas où votre bambin haut comme le sèche-linge taperait frénétiquement sur le bouton de l'adoucissant : le système envoie instantanément une notification sur votre smartphone pour valider – ou supprimer – l'achat. Il est également possible de le paramétrer afin de bloquer toute nouvelle commande tant que la précédente n'a pas été livrée.

Amazon a déjà réfléchi à la prochaine étape, avec une automatisation complète des achats. Le marchand en ligne lance parallèlement un service de commande directement intégré aux appareils connectés : le «Dash Replenishment Service», c'est son nom, peut exemple recommander tout seul des cartouches d'imprimante dès que cette dernière a détecté qu'elles étaient bientôt vides. La marque américaine Poppy propose déjà une cafetière et des machines très design distribuant automatiquement des biberons ou des aliments pour animaux domestiques reliés à ce nouveau système. Et le fabricant d'électroménager Whirpool sortira cet automne le premier objet connecté gérant automatiquement ses stocks de consommables.

Des problèmes de transparence

Le bouton «dash» est proposé, dans un premier temps, gratuitement aux abonnés du service «Prime» d'Amazon, qui donne notamment accès à des livraisons gratuites. Ce service payant, dont Amazon fait un produit d'appel en l'enrichissant de nombreux contenus numériques (audio, vidéo, livres électroniques), est au centre de la stratégie du groupe de Seattle pour pousser les consommateurs à faire davantage d'achats sur son site. D'après plusieurs études, confirmées par Amazon lui-même, les abonnés de Prime ont en effet tendance à commander plus souvent que les clients non abonnés.

Panacée pour le consommateur paresseux, pressé ou réglé comme une montre suisse dans ses achats ménagers, le bouton, qui comprend actuellement 255 références, ne fait en revanche pas dans la transparence. Il est impossible de connaître les variations de prix des différents produits sauf à se rendre soi-même sur le site, comme le précisent les conditions d'utilisation du service. Qui appuie consent, un autre principe phare d'Amazon.