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Libération

La carte sans contact en fait des caisses

Bercy milite pour ce nouveau mode de paiement, mais l’usage tarde à se répandre en France.
Tous les Français devraient être équipés de carte sans contact en 2016. (Photo Anne-Christine Poujoulat. AFP)
publié le 10 avril 2015 à 20h06

On en compte déjà 33 millions en France et ce ne serait qu'un début. Vendredi, Axelle Lemaire, la secrétaire d'Etat chargée du Numérique, faisait la réclame à Bercy pour la carte bancaire sans contact, nec plus ultra du paiement dématérialisé. D'ici à fin 2016, a-t-elle affirmé, tous les Français devraient en être équipés. Cette nouvelle carte de paiement se différencie par son pictogramme en forme d'ondes, situé à côté de la puce. En pratique, elle permet de payer les achats de moins de 20 euros sans avoir à taper de code, en la positionnant à un ou deux centimètres du terminal de paiement. Quelques secondes plus tard, quatre lumières vertes apparaissent et le reçu bancaire sort : l'achat est réglé. Axelle Lemaire en parle comme d'une «révolution» qui va changer les habitudes des Français.

Tournant. «Le client attend trois fois moins en caisse, c'est un avantage pour lui mais aussi pour le commerçant», affirme même Philippe Joguet, directeur des questions financières de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD). Pourtant, à ce jour, seul un commerçant français sur cinq a pris le tournant en s'équipant de ce nouveau terminal de paiement - qui, lui, est facturé. «Ça va venir, assure Philippe Joguet. Tous les appareils seront remplacés par des terminaux sans contact d'ici à 2020.» Reste que ce nouveau moyen de paiement ne convainc pas vraiment. 57% des Français le jugent peu ou pas utile, selon un baromètre publié en janvier par l'institut Odoxa.

Et qu'arrivera-t-il si une carte de ce type est volée ? Olivier Piou, directeur général de Gemalto, leader mondial des cartes à puce, a sa réponse toute prête :«Ce système est plus sécurisé que le cash. Si une carte sans contact est volée puis utilisée à l'insu de son propriétaire, la banque le remboursera intégralement.»

S'ils sont encore frileux, les Français sont toutefois de plus en plus nombreux à utiliser ce nouveau moyen de paiement 100% dématérialisé. Selon Bercy, le nombre de transactions a été multiplié par sept entre janvier 2014 et janvier 2015. «Onze millions de paiements ont été réalisés en janvier dernier, pour un montant total de 120 millions d'euros», explique la secrétaire d'Etat chargée du Numérique.

La terre de prédilection du sans contact ? Les boulangeries. Plus d’1,5 million de transactions de ce type y ont eu lieu. Les commerces de proximité ne sont pas les seuls visés : en France, une cinquantaine de grandes enseignes le proposent, représentant près de 23 500 points de vente.

«Télécommande». Pionnière, la France ? Pas vraiment. Espagnols, Anglais et Canadiens peuvent déjà régler quasiment tous leurs achats sans contact. Quant à l'Afrique, qui saute les étapes, le paiement par mobile s'y généralise à grande vitesse. Orange y a lancé depuis 2008 Orange Money : un service qui transforme le mobile en moyen de paiement et qui est déjà utilisé par 13,4 millions d'Africains dans 13 pays. Thierry Millet, le directeur des services financiers mobiles de l'opérateur, parle du smartphone comme de la «télécommande du quotidien».

Lancé en 2014 en France, Orange Cash permet déjà de payer ses achats avec son smartphone. A condition d’avoir une carte SIM équipée du standard sans contact NFC (Near Field Communication) qu’il sera possible de greffer dans une montre ou un porte-clés pour régler son parking ou entrer dans le métro. Au-delà de la carte sans contact, tout ce qui est connecté deviendra alors un moyen de paiement.