Montage, démontage. Symbole concret du fiasco de l’écotaxe, le gouvernement vient de lancer un appel d’offres pour le démantèlement des portiques. Ironie de l’histoire de ce gâchis, ces fameux portiques censés collecter la taxe écologique sur les poids lourds ont été joyeusement détruits, en particulier au moment de la colère des «bonnets rouges» en 2013, et se trouvent désormais l’objet d’un protocole réglementaire de démontage…
Glas. C'est en catimini, le 28 février, que le ministère de l'Ecologie et des Transports, a sonné le glas de ces équipements coûteux par un appel d'offres «relatif à la dépose, au transport et au stockage des dispositifs mis en place dans le cadre du projet écotaxe», notamment les «structures porteuses de type portique», selon un avis publié au bulletin officiel et relevé mercredi par Europe 1. Le marché, d'une durée de vingt-quatre mois, porte aussi sur les 718 000 boîtiers dont devaient être équipés les poids lourds, les caméras placées sur les portiques, les armoires, balises, panneaux de signalisation et le centre informatique. L'appel, qui expire le 30 avril, mentionne aussi des «travaux de remise en état» des sites, le stockage et la «destruction de certains équipements».Cela pourrait coûter 1,6 million d'euros, sans compter les travaux de remise en état.
La facture déjà salée de l’affaire mort-née de l’écotaxe s’alourdirait donc encore. Après plusieurs atermoiements, le gouvernement avait décidé d’abandonner le dispositif en octobre. En décembre, il a signé un accord de dédommagement d’environ 800 millions d’euros avec le consortium franco-italien Ecomouv, qui devait être chargé de la collecte. Début avril, il a négocié 500 millions d’investissements supplémentaires de la part des sociétés d’autoroutes dans les infrastructures et les projets de transports, de quoi compenser en partie son abandon.
Grenelle. Cet impôt écologique était l'une des mesures phares du Grenelle de l'environnement du quinquennat Sarkozy. Une mission serait en cours pour examiner des utilisations alternatives en plus de l'appel d'offres. Plusieurs pistes ont été évoquées pour recycler les équipements devenus inutiles : des régions frontalières au fort trafic de poids lourds étrangers souhaitaient notamment expérimenter le principe de l'écotaxe.