Dans l’océan de la morosité quotidienne, nos voisins suisses peuvent se réjouir : ils sont les plus heureux de la planète. Ce n’est pas un dépliant touristique qui l’affirme mais un très sérieux (et copieux) «Rapport sur le bonheur dans le monde», élaboré sous l’égide du Réseau des solutions pour le développement durable des Nations unies, et dont l’édition 2015 vient de paraître. Pour évaluer notre bien-être, les chercheurs se sont appuyés sur plusieurs critères : le PIB par habitant et l’espérance de vie, mais aussi la confiance dans les institutions et les entreprises, le soutien social (avoir quelqu’un sur qui compter), le sentiment de liberté et la générosité envers autrui. Et, côté échantillon, sur un minimum de 2 000 personnes interrogées dans chacun des 158 pays étudiés.
Sans grande surprise, on trouve, derrière la Suisse, trois pays d'Europe du Nord - l'Islande, le Danemark et la Norvège - suivis du Canada. La France, elle, n'arrive qu'en 29e position, derrière le Mexique (14e), les Etats-Unis (15e), les Emirats arabes unis (20e) ou l'Allemagne (26e). Mais loin devant la Grèce (102e). Le peloton de queue compte, lui, plusieurs pays d'Afrique (Rwanda, Burundi, Togo), ainsi que l'Afghanistan (153e) et la Syrie (156e).
Moins attendu : le groupe d'experts revient sur les effets de la crise, en comparant la situation des pays en 2007 et en 2014. Il note certes une détérioration pour 41 d'entre eux, mais aussi «des améliorations significatives» dans 53 autres cas : «Si les institutions et le tissu social sont suffisamment solides, écrivent-ils, les crises économiques et les catastrophes naturelles peuvent mener à des améliorations plutôt qu'à une dégradation du tissu social», améliorations qui rendent les sociétés plus résilientes.
Enfin, le chapitre 6 du rapport, consacré à la santé mentale des jeunes, apportera de l'eau au moulin de ceux qui dénoncent l'obsession de la performance en matière d'éducation : les chercheurs concluent en effet que la réussite scolaire est, contrairement au développement émotionnel, «le pire des critères» pour prédire «si un enfant deviendra un adulte heureux.»