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Libération

591 emplois de plus à la casse chez Renault Trucks

Plan social . La filiale poids lourds du suédois Volvo reprend des couleurs mais va supprimer plus de cinq cents postes administratifs.
(FILES) This picture taken on November 19, 2008 shows the Renault Trucks' company flag at the entrance to their factory in Blainville-sur-Orne. Renault Trucks, a subsidiary of the Volvo group in France, announced on April 28, 2015 a decision to eliminate 591 jobs, mostly administrative positions, as part of a company restructuring effort in order to lowers costs. AFP PHOTO / MYCHELLE DANIAU
publié le 28 avril 2015 à 22h56

«Des méthodes brutales», une «casse sociale». Les syndicats du constructeur de poids lourds français Renault Trucks ont appris mardi la suppression de 591 postes sur le site lyonnais de Saint-Priest. «Dans les services admnistratifs de l'organisation commerciale», a précisé la direction hier, à l'occasion d'un comité central d'entreprise extraordinaire.

En parallèle, 79 créations de postes ont été annoncées, ramenant à 512 le nombre d'emplois supprimés dans cette filiale poids lourds du suédois Volvo. «Ce projet, qui ne touche pas les forces de vente, prévoit le maintien de tous les sites de fabrication de camions et de leurs composants, en France, et n'affectera pas les postes d'agents de production», a ajouté la direction, soulignant qu'il sera «mis en œuvre avec la volonté de limiter autant que possible le nombre de départs contraints».

Externalisation. Le secteur commercial ne serait pas le seul touché, selon Eric Freyburger, délégué de la première organisation syndicale de Renault Trucks, la CFE-CGC : «Une externalisationpartielle de l'activité informatique est prévue, mais nous ne savons pas combien de postes seront concernés.» De son côté, Bernard Fauche, délégué central entreprise CFDT assure : «On a demandé des détails, mais ils ont refusé de nous donner le chiffre.»

Dans l’assemblée, l’annonce des suppressions de postes et de l’externalisation envisagée n’a pas surpris. En octobre dernier, Volvo avait annoncé un plan mondial de réorganisation de sa direction commerciale et de ses services informatiques. Un vaste programme comprenant à la fois des réductions d’effectifs et des améliorations de productivité, avec pour objectif une meilleure rentabilité.

C’est aussi le résultat d’un plan stratégique plus global établi en 2012 : augmenter la marge d’exploitation du groupe de trois points d’ici la fin 2015. Le numéro 2 mondial du camion, qui emploie au total 112 000 salariés dans le monde, a supprimé près de 3 000 emplois en un an.

Pour la filiale poids lourds du suédois, c’est le deuxième plan social en un peu plus d’un an. Le 19 mars 2014, la direction s’était déjà séparée de 508 salariés, dont 319 pour l’agglomération lyonnaise. La pilule est d’autant plus dure à avaler pour les syndicats du groupe qu’au premier trimestre 2015 les résultats de Renault Trucks se sont améliorés. Ses ventes ont augmenté de 35%, un pourcentage nettemment supérieur à celui concernant les ventes globales de Volvo, en hausse de 14%.

pression. «Il est tout de même étonnant de licencier au moment où les résultats du groupe remontent, remarque Bernard Fauche. Cela ressemble à une prise de pouvoir des actionnaires.» Un avis partagé par le délégué CFE-CGC Eric Freyburger: «Les actionnaires mettent la pression car plus la rentabilité de Renault Trucks augmente, plus leurs titres ont de la valeur. On privilégie les actionnaires au détriment des salariés.»

tensions. A noter que l'année dernière, la CGT de Renault Trucks - employant environ 8 900 personnes en France - avait fait ses calculs. De 2001 à 2013, 83% des 10,93 milliards d'euros de bénéfices de Volvo auraient été distribués à ses actionnaires sous forme de dividendes, soit 9,08 milliards d'euros. Pas étonnant donc que les syndicats qualifient les deux plans sociaux de «licenciements boursiers».

Dans ce contexte tendu entre salariés et actionnaires, la prise de leadership du fonds de pension Cevian, devenu en février premier actionnaire du groupe Volvo, n'est pas passée inaperçue. «On nous annonce un nouveau plan social après la montée en puissance de Cevian au capital, fustige Bernard Fauche,délégué central entreprise CFDT. On ne peut qu'y voir une prise de pouvoir du fonds !» Avant de prédire : «Tout cela n'est que le début de plusieurs mois de tensions.»