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Libération
Analyse

Pour son PDG, Twitter est en «crise de croissance»

La firme a annoncé des résultats décevants.
Le patron de Twitter Dick Costolo à Las Vegas le 8 janvier 2014 lors d'une conférence donnée au CES, la plus grande foire de produits et services technologiques du monde (Photo Ethan Miller. AFP)
publié le 29 avril 2015 à 16h22

Une fuite, et l’action dégringole. Twitter en a fait la douloureuse expérience mardi soir, après que Selerity, une plateforme new-yorkaise spécialisée dans l’analyse et la publication de données financières, a publié – sur son compte Twitter, évidemment – les résultats du réseau social pour le premier trimestre 2015, qui n’étaient censés être rendus publics qu’après la clôture de Wall Street :

En cause, une «boulette» du Nasdaq, qui héberge la page web dédiée à la communication de Twitter avec ses investisseurs, et a reconnu la publication prématurée. Comme l'explique le Financial Times, la banque JP Morgan avait subi la même mésaventure en octobre dernier.

Toujours dans le rouge

Dans la foulée de l’annonce de Selerity, l’action Twitter a dévissé de 18%, sans toutefois retomber à son niveau de fin avril 2014, historiquement le plus bas depuis sa cotation en Bourse. Reste qu’une fois de plus, les résultats du géant du Net déçoivent les marchés : si ses revenus ont augmenté de 74% en un an, pour atteindre 436 millions de dollars au premier trimestre, les analystes, eux, s’attendaient à beaucoup mieux. Encouragés, d’ailleurs, par le groupe lui-même, qui tablait-il y a trois mois sur 440 à 450 millions de dollars.

Lors de la conférence téléphonique qui a suivi la publication officielle des résultats, le PDG de Twitter, Dick Costolo, a reconnu des «résultats financiers mitigés», qu'il met sur le compte d'une augmentation encore insuffisante des recettes publicitaires, principale source de revenus du réseau social et de la hausse du dollar: une «crise de croissance», résume-t-il. Au final, l'entreprise est toujours déficitaire : elle enregistre, sur la période, un trou de 162,4 millions de dollars. Et les prévisions de chiffre d'affaires annuel ont été revues à la baisse : 2,17 à 2,27 milliards de dollars désormais attendus fin 2015, contre 2,30 à 2,35 il y a trois mois.

Certes, la plateforme de micro-blogging continue à engranger de nouveaux utilisateurs: 18% de plus que l’année précédente, soit un total de 302 millions recensés fin mars – quand Facebook dépasse largement le milliard. Mais cette progression elle-même se tasse un peu (elle était de 20% au dernier trimestre 2014). Et le nombre d’abonnés sur mobile est, là aussi, en deçà des anticipations. De quoi refroidir les investisseurs.

Un rachat et un partenariat

Costolo, lui, se veut rassurant: «Nous ne pourrions pas être plus confiants dans nos opportunités de croissance, au moins pour la publicité», clamait-il mardi soir. Le PDG a insisté sur les changements d'ergonomie, l'amélioration de «l'expérience utilisateur» – par exemple via «Highlights», une option disponible sous Android qui affiche une sélection de gazouillis que l'utilisateur a pu manquer, en fonction de ses thématiques de prédilection – ou les bons résultats de Periscope, l'application de vidéo en streaming lancée fin mars, qui a enregistré un million d'utilisateurs en dix jours.

Surtout, il a annoncé à la fois le rachat de TellApart, une société de «marketing personnalisé» en ligne, ainsi qu'un partenariat avec DoubleClick, la régie pub acquise à grands frais par Google en 2007, qui permettra aux clients de cette dernière d'acheter de la publicité sur le réseau social et d'en mesurer la performance. Car si Costolo dit vouloir d'abord répondre à «deux questions fondamentales […] : pourquoi utiliser Twitter et comment utiliser Twitter», c'est bien sur la capacité de l'entreprise à monétiser les données de ses utilisateurs qu'il peine de plus en plus à convaincre ses investisseurs.