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Libération

Un américain au volant de Norbert Dentressangle

Les syndicats craignent pour l’emploi après le rachat du transporteur français.
Le numéro 2 français a annoncé son rachat pour 3,24 milliards d'euros. (Photo AFP)
publié le 29 avril 2015 à 20h06

«Nous sommes extrêmement inquiets.» Comme les autres syndicats, Jérôme Vérité, secrétaire général de la CGT Transports, redoute que le rachat de Norbert Dentressangle (42 350 employés) par l'américain XPO Logistics (10 000 salariés) ne soit qu'une catastrophe de plus dans le paysage routier français. Mardi, le numéro 2 national du secteur a annoncé son rachat pour 3,24 milliards d'euros par le transporteur du Connecticut. Son patron, Bradley Jacobs, a assuré qu'il n'y avait pas de délocalisations en vue et que les emplois à temps plein en France seraient maintenus au minimum pendant dix-huit mois.

Mais après ? «Leur engagement est nul ! affirme Jérôme Vérité. Ça leur laisse juste le temps de préparer un plan social.» FO et CFDT se sont aussi dits «inquiets» et «surpris». «On avait racheté Jacobson récemment, une grosse entreprise, justement américaine, on s'est dit qu'on était plutôt dans le développement, et là, c'est la douche froide», affirme Victor Neves, représentant FO chez Norbert Dentressangle. D'autant plus que la possibilité d'un éventuel rachat aurait, selon lui, été écartée lors du dernier comité d'entreprise du transporteur, il y a six mois.

L'annonce intervient dans un contexte tendu pour le transport routier français. La faillite de MoryGlobal et le licenciement de 2 150 salariés, en mars, en sont la triste illustration. En un an, le taux de défaillance des entreprises du secteur a augmenté de 10%. Alors au gouvernement, on surveille de près le rachat du français, coté en Bourse, et les promesses de maintien d'emploi de l'américain. «Il y a eu en la matière des rachats, et des actionnaires - je pense à MoryGlobal, à Mory Ducros - qui n'ont pas fait leur travail», a fustigé le ministre du Travail, François Rebsamen, ce mercredi.

Nicolas Paulissen, délégué général de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR), est plutôt confiant et parle d'un deal «gagnant-gagnant». Surtout pour les actionnaires du groupe aux 10 800 camions rouges… Le deal avec XPO les a en effet plutôt bien servis : la totalité de leurs titres ont été rachetés pour 2,17 milliards d'euros. Soit 217,50 euros par action, une prime de 36,7% comparé au cours du jour de la transaction. La famille Norbert Dentressangle a donc vendu sans état d'âme et d'un bloc toutes ses parts (67% du capital). En mettant la main sur le routier français, Bradley Jacobs s'implante en Europe et signe là sa quinzième acquisition depuis 2011, date à laquelle il a pris le volant de XPO avec une ambition : en faire un leader mondial du transport routier.