Les taxis mettent la pression sur le gouvernement pour fermer le service UberPop. Réunies mercredi de 14 heures à 17 heures à Paris, les organisations syndicales de taxis (Fnat, CFDT, CGT, FFTP, FNDT, FNTI, FO, Gescop, Unit, UNT, Sud) se sont accordées pour entamer des actions communes dans les villes concernées par UberPop à partir du 25 juin. Ces professionnels du transport de particuliers demandent à l'Etat de «faire appliquer la loi Thévenoud, censée interdire ce service et encadrer l'activité des VTC», dont les taxis déplorent la concurrence déloyale. «Le gouvernement doit enclencher la deuxième vitesse en multipliant les contrôles et procédures pour faire respecter la loi», demande Christophe Van Lierde, de la FNDT. La loi Thévenoud interdit en effet le transport de particuliers par des conducteurs non-professionnels, ce qui met de facto hors jeu les chauffeurs UberPop.
«L'ambiance était tendue, raconte à Libération Jean-Michel Rebours, de la Fédération nationale des artisans du taxi (Fnat). Tout le monde est dans le même désarroi. Il faut qu'on arrive à quelque chose sinon cela risque de déraper. Les gars sont prêts à mettre le feu si rien ne bouge.» Leur revendication : «Nous demandons au gouvernement de prendre les mesures pour suspendre l'application UberPop dans les villes où elle est présente [Marseille, Nantes et Strasbourg récemment, après Paris, Lille, Lyon, Bordeaux, Toulouse et Nice, ndlr]. Les politiques ont été débordés par le sujet, ils doivent reprendre la main et faire respecter la législation qu'ils ont votée», demande le syndicaliste. Récemment, UberPop a été interdit à Lille sur décision préfectorale pour «concurrence déloyale» vis-à-vis des VTC et taxis.
A partir du 25 juin, les syndicats de taxis annoncent un «mouvement national conséquent d'une durée illimitée», qui pourrait entre autres comprendre «le blocage des aéroports». «La relaxe, le 11 juin à Paris, d'un chauffeur UberPopo a semé le trouble et amplifié la colère des taxis contre Uber», explique Nordine Dahmane (FO-taxis). D'autres décisions récentes n'ont rien arrangé : le droit reconnu aux VTC par le Conseil constitutionnel de calculer leurs tarifs selon la même méthode (distance et durée) que les taxis. Dernière en date : la suspension de la voie dédiée aux taxis entre Paris et l'aéroport de Roissy. «La frustration est grandissante», prévient Nordine Dahmane, pour qui «il ne suffit pas d'ergoter sur des lois, il faut les appliquer».
Mardi, le syndicat SUD avait mené une première action : une centaine de taxis s’étaient rassemblés place de la Bastille à Paris, où quelques échauffourées avaient éclaté avec la police.