Avec le placement en garde à vue lundi de Thibaud Simphal, directeur général d’Uber France, et de Pierre-Dimitri Gore-Coty, directeur d’Uber pour l’Europe de l’Ouest, puis leur renvoi mardi après-midi en correctionnelle, le conflit qui oppose les chauffeurs de taxi aux conducteurs particuliers utilisant l’application UberPop a pris un virage serré et imprévu.
Résumons : depuis le début de l'année, et la mise en application de la loi Thévenoud votée le 1er octobre, qui interdit notamment le transport entre particuliers à titre onéreux, la société américaine Uber n'a eu de cesse de faire la sourde oreille à la législation française. Au motif, notamment, qu'elle est anticoncurrentielle. Face aux différentes procédures entreprises contre elle (correctionnelle, tribunal de commerce), la multinationale californienne a joué la carte de la judiciarisation, à savoir la contestation systématique, par la voix de ses avocats, des décisions de justice.
Cette fois, une nouveauté : ce n’est pas uniquement la société Uber qui est renvoyée en correctionnelle, mais des personnes physiques. Après vingt heures de garde à vue à la Brigade d’enquêtes sur les fraudes aux technologies de l’information (Befti), Thibaud Simphal et Pierre-Dimitri Gore-Coty devront comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris le 30 septembre.
Plusieurs délits leur sont reprochés : pratique commerciale trompeuse, complicité d’exercice illégal de la profession de taxi, organisation illicite de la mise en relation entre chauffeurs et particuliers, et infraction à la loi informatique et liberté. Ce qui arrive aux dirigeants d’Uber peut s’expliquer par leur attitude face au droit français et aux décisions de justice concernant leur société.