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Téléphonie : des opérateurs concentrés pour la 4G

Retour sur le marché du mobile, qui a vacillé avec la tentative de Patrick Drahi (SFR) de racheter Bouygues Telecom.
(BiG)
publié le 3 juillet 2015 à 18h56

L'échec de la troisième tentative de rachat, par Patrick Drahi (actionnaire principal de Libération), de Bouygues Telecom pour 10 milliards d'euros ne met pas pour autant fin aux grandes manœuvres dans le secteur des télécoms. Industrie de coûts fixes dont les rendements croissent avec le nombre d'abonnés, cette activité connaît aujourd'hui un nouveau mouvement de consolidation à la faveur des très lourds investissements que nécessite le déploiement du très haut débit mobile (4G).

Alors que l’UE compte 155 opérateurs en 2015, soit seulement deux de moins qu’il y a cinq ans, les marchés américain, chinois et japonais sont beaucoup plus concentrés. Des opérations de rapprochement sont en cours au Royaume-Uni, en Allemagne ou encore en Irlande. En Autriche, le passage de quatre à trois opérateurs en 2014 s’est traduit par une hausse des tarifs.

Téléphonie mobile : les principaux opérateurs

Ce mouvement, intraeuropéen et surtout à l’intérieur de chaque pays, pourrait ramener, à court terme, le nombre d’opérateurs autour de 140 en Europe, selon la GSMA, le lobby du secteur au niveau mondial.

Avec quatre acteurs actuellement, la France pourrait bien finir par imiter ses voisins et revenir à un triumvirat. L’arrivée du trublion Free en 2012 a largement dynamisé le marché et déclenché une impitoyable guerre des prix (-25,6 % en 2013, puis -13,5 % en 2014, selon l’Arcep, le régulateur du secteur) qui a abouti à faire de l’Hexagone un des marchés les plus compétitifs de l’UE en termes de tarifs.

Cette concurrence féroce s’est traduite par une baisse de l’Arpu ou revenu moyen par utilisateur avec pour conséquence une baisse des revenus des services mobiles : leur chiffre d’affaires a diminué en France de 25,6% sur la période 2010-2014 et encore de 6,3% sur les douze derniers mois. En comparaison, la baisse des revenus des opérateurs européens n’aura été que de 1,3 % sur 2013-2014 et de 6,5 % entre 2010 et 2014.

Téléphonie mobile : les grandes manœuvres en France

Le nombre d’abonnements mobile (cartes SIM dont prépayées) continue, lui, de progresser : il a atteint 79,9 millions en 2014, dont 46 % sont équipés de smartphones. 42,8 millions des usagers mobiles de l’Hexagone utilisent la 3G (haut débit) et 11 millions la 4G (très haut débit).

La croissance du trafic de téléphonie mobile se maintient à un niveau soutenu (+5,1 % en un an au quatrième trimestre 2014) mais le trafic de téléphonie fixe est en net recul (-9,8 % sur un an). Parmi les usages, la voix progresse encore, mais ses revenus sont en chute de 20 % dans le fixe comme dans le mobile.

Téléphonie mobile : les chiffres

La croissance du volume de données consommées sur les réseaux mobiles s’accélère fortement (plus de 100 % par an) mais la part des messages interpersonnels (SMS et des MMS) diminue en raison de la concurrence des applications de messagerie gratuites comme WhatsApp ou Messenger.

L’heure est au développement de nouveaux services data premium qui nécessitent un accès à la 4G et toujours plus d’investissements. L’an passé, ils ont atteint 6,9 milliards d’euros, en baisse de 4 % par rapport à 2013. Une légère décrue qui plaide, selon les partisans d’une consolidation du secteur, pour un marché ramené à trois acteurs en France qui permettrait de doper ces investissements.

Une logique d’industriels qui n’est pas du tout celle des associations de consommateurs et de l’Etat qui s’inquiètent respectivement des effets qu’aurait cette concentration sur les prix et sur les conséquences pour l’emploi dans un secteur qui, à la fin 2014, employait 121 876 personnes contre 155 992 en 1999. La prochaine tentative de consolidation autour de Bouygues Telecom ou d’un autre maillon faible du marché devra aussi en tenir compte.