«Ben oui, ça va vite, j'ai la fibre.» Courage, simples mortels détenteurs de connexions ADSL, vos camarades internautes privilégiés, raccordés à la fibre optique, ravaleront bientôt leur condescendance. Du moins si l'on en croit Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie, et Axelle Lemaire, la secrétaire d'Etat chargée du numérique, qui réunissent ce jeudi soir à Bercy la seconde conférence annuelle du plan «France très haut débit». Ce dernier se donne pour objectif un accès aux réseaux internet très haut débit sur l'ensemble du territoire en 2022, notamment en étendant le réseau de fibre optique. Coût de l'opération : 20 milliards d'euros d'investissement. «Ce n'est pas un plan de rattrapage, rappelle Antoine Darodes, directeur de l'Agence du numérique et de la mission très haut débit. Il s'agit du déploiement d'un réseau neuf, qui veut être en avance.»
Aujourd'hui, 44,3% des locaux de la France métropolitaine ont accès au très haut débit, soit 17 millions de locaux sur les 38 millions à équiper. Orange, en partie détenu par l'Etat, serait en avance sur son rythme de déploiement. Et le nombre de prises très haut débit devrait exploser dans les cinq ans à venir : à titre d'exemple, 230 000 lignes doivent être créées en Bretagne fin 2018, 183 000 dans l'Oise ou 536 000 dans le Nord-Pas-de-Calais. «La migration du réseau cuivré vers la fibre sera nécessairement longue, et parfois difficile», prévient un membre du cabinet des ministres. «Il s'agit d'un réseau très capillaire, qui doit atteindre chaque usager, ajoute Antoine Darodes. Ça demande d'aller dans chaque rue pour voir comment la fibre se déploie.»
En finir avec les zones blanches
Le Plan très haut débit prévoit que l'installation de la fibre dépende à la fois des opérateurs privés et des collectivités territoriales. Les principales villes et agglomérations font partie de «zones conventionnées», au sein desquelles les opérateurs s'engagent contractuellement à installer leurs réseaux privés. Ces zones englobent 57% de la population et 3 600 communes, pour un investissement de 6 à 7 milliards d'euros. Les zones non conventionnées, qui regroupent 43% de la population, doivent quant à elles être équipées de réseaux publics, installés par les collectivités et exploités, moyennant finance, par les fournisseurs d'accès classique. Les recettes ainsi collectées doivent permettre de financer 6,5 des 13 à 14 milliards d'investissement nécessaires, le reste étant pris en charge par des subventions publiques.
Certaines régions sont cependant encore à des années-lumière du très haut débit. Le gouvernement se dit prêt à sanctionner les opérateurs pour les obliger à tenir leurs engagements sur la couverture du territoire. Les collaborateurs de Macron et Lemaire insistent notamment sur deux points : la couverture des zones blanches, ces endroits où le téléphone portable ne passe toujours pas, et la généralisation de l'accès à l'internet mobile dans 2 300 «centres-bourgs».