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A chaud

Grèce : feu vert du Bundestag allemand aux négociations sur un nouveau plan d'aide

Un nombre significatif d'elus dans la coalition d'Angela Merkel ont voté contre le principe de ces négociations. Le plan d'aide, une fois discuté, devra à nouveau être soumis au vote.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schaüble, fait un discours devant le Bundestag, le 17 juillet 2015 à Berlin (Photo Tobias Schwarz. AFP)
publié le 17 juillet 2015 à 9h14
(mis à jour le 17 juillet 2015 à 15h25)

Les députés de la chambre basse du parlement allemand, le Bundestag, ont donné ce vendredi à une large majorité leur feu vert à des négociations sur un troisième plan d’aide à la Grèce, de plus de 80 milliards d’euros.

439 des 598 votants, sur les 631 députés que compte l’assemblée, ont voté «oui» à la demande du gouvernement de pouvoir négocier cette nouvelle aide. 119 autres ont voté non et 40 se sont abstenus. Signe des réticences d'une partie de la majorité d'Angela Merkel à ce nouveau plan d'aide, 50 membres de la coalition de droite CDU/CSU ont voté contre. Comme l'a relevé un analyste politique du think-tank Open Europe, depuis le premier plan d'aide en 2010, la proportion de députés CDU/CSU opposés aux programmes a régulièrement crû.

Si ce feu vert allemand ouve la voie à des négociations, il ne porte pas sur le contenu du plan d'aide lui-même, qui sera à son tour soumis, après négociations, au Parlement.

Avant le vote, la chancelière allemande, Angela Merkel, avait demandé que les élus adoptent sa proposition pour éviter le «chaos». Elle avait aussi reconnu que l'accord conclu lundi matin entre la Grèce et les autres pays de l'UE «est dur pour les gens en Grèce», mais en ajoutant qu'il l'est «aussi pour les autres» dans la zone euro.

Angela Merkel a joué sur la corde sensible, demandant d’entrée de jeu aux députés de s’imaginer en Allemagne des queues de retraités aux distributeurs bancaires, comme on a pu le voir ces derniers jours en Grèce.

A sa suite, le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble – pour qui Angela Merkel a demandé une standing ovation des députés – a promis d'employer «toutes ses forces» pour mener au succès les négociations. au cours des négociations de la fin de la semaine dernière, il s'était dit favorable à une sortie «temporaire» de la Grèce de la zone euro, . «Nous pensons qu'il existe une chance de pouvoir conclure positivement ces négociations», a-t-il dit, en ajoutant tout de même que ce serait «très compliqué».

 Plusieurs semaines de négociations à venir

Avec ce vote allemand, qui succède notamment à celui de la France, et qui doit encore être suivi d'autres consultations, notamment en Finlande, les pays de la zone euro et la Grèce vont pouvoir, dans les prochaines semaines, fixer les détails d'un nouveau plan d'aide, le troisième en cinq ans, qui doit dépasser 80 milliards d'euros. Contrepartie de ce plan : la Grèce a dû adopter un premier paquet de nouvelles mesures d'austérité, portant notamment sur la TVA et les retraites, et ce dès mercredi pour s'assurer la confiance de ses créanciers. Ces mesures sont presque exactement celles qui ont été rejetées par référendum le 5 juillet en Grèce. Pour les justifier, le Premier ministre, Aléxis Tsípras, a affirmé ne pas être en accord avec elles, mais a ajouté qu'il n'avait pu faire autrement pour éviter une sortie de la Grèce de la zone euro.

Surtout, selon Aléxis Tsípras, l'accord de lundi va permettre à la Grèce d'ouvrir des négociations sur un allègement ou une restructuration de sa dette – le texte de l'accord n'en fait pourtant pas mention. Le FMI et la France ont déjà fait valoir leur soutien à un allègement de cette dette insoutenable (180% du PIB), et la BCE les a rejoints jeudi par la voix de son président, Mario Draghi, qui a estimé «indiscutable» ce coup de rabot. Il en a profité pour annoncer un relèvement des aides d'urgence versées par la BCE au pays, ce qui doit permettre aux banques de rouvrir lundi.

En face, l'Allemagne, notamment par la voix de Wolfgang Schaüble, refuse fermement de mettre ce sujet sur la table.

En attendant l'aboutissement des négociations sur le nouveau plan d'aide, l'UE a donné ce vendredi son accord à la mise en place d'un financement-relais de 7 milliards d'euros, issus d'un fonds communautaire, ce qui permettra à la Grèce de rembourser 4,2 milliards d'euros à la BCE le 20 juillet, et 2 milliards d'euros d'arriérés au FMI. Ce dernier point est crucial car légalement, le FMI ne peut pas prêter de nouvelles sommes à la Grèce tant que les anciennes n'ont pas été remboursées.