Pendant qu'à Paris les touristes dévalisent les glaciers pour supporter la canicule, les agriculteurs de la Nièvre se désolent de leurs 100 hectares de champs de blé partis en fumée mardi dans un incendie. Cette année encore, la France des campagnes fait face à la sécheresse, avec au total 46 départements déjà soumis à des restrictions d'eau plus ou moins importantes. «Nous sommes très inquiets», alerte Alain Guitard, directeur de la Chambre d'agriculture du Lot. «Quand d'habitude on peut compter sur deux à trois récoltes fourragères à cette période, cette année la première est à peine normale.»
Maïs. Les éleveurs rencontrent également des difficultés. Les volailles comme les vaches laitières souffrent de la chaleur et les rendements sont en baisse. Il faut déployer des moyens supplémentaires dans les exploitations, par exemple ventiler les bâtiments dans les élevages à forte densité comme les volailles ou les porcs. Autre problème : les cultures de maïs, très utilisées pour nourrir les animaux, sont sérieusement menacées. Et il faut prévoir des aliments de substitution.
Le ministère de l’Ecologie a donc imposé aux régions concernées une série de restrictions d’eau selon la gravité de la sécheresse. L’arrosage des pelouses, le remplissage des piscines et le lavage des voitures sont déjà interdits dans une douzaine de départements comme l’Eure-et-Loire, le Loiret, le Lot-et-Garonne et le Tarn.
Recharge des nappes. Dans l'agriculture, qui représente 80 % des prélèvements d'eau entre juin et août, l'irrigation est également soumise à restriction. Alain Guitard dénonce des mesures «coercitives» affectant la qualité et la quantité des récoltes. Il appelle à une politique «plus volontariste» pour alimenter les réserves d'eau l'hiver.
Mais rien à voir avec la Californie : la France n'est pour l'heure confrontée qu'à une «sécheresse de surface» et l'état de ses nappes phréatique reste normal. Si une baisse générale des niveaux est enregistrée, Philippe Vigouroux, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières, estime qu'elle est sans surprise à cette période de l'année. Et l'hiver a été favorable à la recharge des nappes. «Nous avons la chance inouïe d'avoir en France des nappes phréatiques de bonne qualité, il faut les préserver. Je pense que la sensibilisation à cet enjeu est efficace», conclut-il. Une bonne gestion de l'eau qui provoque néanmoins la colère des agriculteurs et, incidemment, la déception des propriétaires de piscine.