Il ne manquait plus que Ferrari pour venir enliser un peu plus Takata dans la crise. Le groupe italien est le dernier en date à annoncer le rappel de plusieurs milliers de véhicules pour cause d’airbags défectueux. Le bilan s’élève à 2 600 rappels dans le monde, dont 800 aux Etats-Unis, pour des voitures fabriquées entre décembre et avril dernier. Des chiffres conséquents pour une entreprise qui ne produit que 7 000 véhicules par an. Le rappel concerne huit modèles, dont les prix varient de 200 000 à 1,4 million d’euros pièce.
Une liste qui s’allonge
Ferrari n’est qu’un exemple parmi tant d’autre, au milieu d’une myriade de constructeurs automobiles ayant fait état de malfaçons dans les airbags Takata. Une dizaine d’entre eux sont affectés, principalement les groupes japonais : Honda, Nissan, Toyota, Subaru, Mistubishi Motors, BMW, General Motors, Fiat Chrysler, Ford, Mazda. Au total, près de 50 millions de véhicules ont été rappelés depuis 2008 dont plus de 34 millions aux Etats-Unis. Par ailleurs, les airbags japonais sont mis en cause dans la mort de huit personnes tandis que des centaines d’autres ont été blessées.
Des airbags mortels
Les défaillances techniques pointées se situent au niveau du mécanisme qui doit permettre de libérer le gaz propulseur qui déclenche le gonflement des ballons. Dans le cas présent, les airbags seraient mal scellés et laisseraient donc le champ à la moisissure et à l’humidité, ce qui entraînerait l’éclatement des airbags même lors de faibles collisions et la projection de morceaux de métal et de plastique susceptibles de blesser le conducteur.
A ce jour Takata est toujours incapable d'expliquer les raisons de cette défaillance même après plusieurs mois de recherches. Cependant des membres démocrates de la commission sur le commerce, les sciences et les transports du Sénat américain ont fait paraître en juin un rapport qui dénonce certains manquements de la part de l'équipementier sur des questions de sécurité. Selon ce document, la direction aurait ordonné l'arrêt des audits sur la sécurité à des fins financières. Des allégations immédiatement démenties par le constructeur japonais qui les considère «inexactes».
Une crise qui se prolonge
Cette nouvelle actualité démontre à quel point Takata peine à sortir de cette crise depuis quelques années. En décembre, le président en charge des opérations du groupe, le Suisse Stefan Docker, en a fait les frais et a dû annoncer son départ, pour être remplacé par Shigehisa Takada toujours en poste. En février, l'entreprise avait perdu plus de la moitié de sa valeur en Bourse et était menacée par le gouvernement américain de payer une amende de 14 000 dollars par jour (près de 12 300 euros) pour mauvaise coopération dans son enquête sur les airbags défectueux. Toutefois malgré l'ampleur du phénomène, Takata reste le premier fournisseur mondial, détenant près de 20% des parts du marché.