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Libération

Les hélicoptères Sikorsky changent de mains

Le célèbre constructeur d'hélicoptères a été racheté par le géant aéronautique américain Lockheed Martin pour 9 milliards de dollars.
Un hélicoptère UH-60 Black Hawk de Sikorsky, en service dans l'armée américaine. (Photo Joel Saget. AFP)
publié le 20 juillet 2015 à 18h58

«We got a Black Hawk down, we got a Black Hawk down» : si vous aimez les gros hélicos et les beaux militaires, cette réplique du film la Chute du faucon noir (Black Hawk Down, donc) ne vous est pas étrangère. Les hélicoptères à tout faire des forces armées américaines, victimes des roquettes somaliennes en 1993 et dans le film de Ridley Scott, sont sur le point de changer de mains. Mis en vente par le conglomérat United Technologies (UTC), leur fabricant, Sikorsky, va être racheté par Lockheed Martin pour 9 milliards de dollars (8,3 milliards d'euros). Le groupe Textron avait également fait une offre pour le rachat de Sikorsky, avant de se retirer. Ce dernier possède déjà Bell Helicopter, dont le mythique Huey, vu dans «Apocalypse Now» de Coppola, a été remplacé comme cheval de trait de l'armée américaine par le Black Hawk de l'éternel rival Sikorsky.

Fondée en 1923 par l'ingénieur d'origine russe Igor Sikorsky, la firme, dont les hélicoptères ont été sur tous les fronts depuis la guerre du Vietnam, vit essentiellement des commandes du Pentagone (52% des ventes du constructeur en 2014) et de la clientèle militaire internationale (20% des ventes en 2014). A lui seul, le constructeur basé à Stratford, dans le Connecticut, a ainsi capté 42% du budget alloué par le ministère de la Défense américain aux programmes de voilures tournantes (soit les hélicoptères, en jargon technique).

Perte d'un gros contrat au profit d'Airbus

Mais la baisse du budget de l’armée américaine ainsi que le remplacement programmé du Black Hawk – même si Sikorsky reste en lice face à Bell – ont entamé la rentabilité de l’entreprise ces dernières années. Malgré un chiffre d'affaires de 7,5 milliards de dollars en 2014, le bénéfice opérationnel a été divisé par deux l’an dernier. Sikorsky avait annoncé en mai son intention de supprimer 1 400 emplois (sur 15 000). Mais l'entreprise ne détient plus que 12% du marché mondial des helicoptères, loin derrière Airbus Helicopters (ex-Eurocopter) et Bell (25% chacun). La perte récente d'un contrat de 50 appareils en Pologne, remporté par le Caracal d'Airbus au détriment du Black Hawk, a apparemment décidé UTC à se séparer de Sikorsky pour se recentrer sur ses autres activités. UTC possède notamment le fabricant d’ascenseurs Otis et le motoriste Pratt and Whitney.

L'acquisition de Sikorsky par Lockheed Martin permet au géant de l'aéronautique militaire américain, fabricant des avions de combat A-10, F-16, F-22 et F-35, de revenir dans le secteur des hélicoptères, qu'il avait tenté d'intégrer sans succès dans les années 60, en s'appuyant cette fois sur un constructeur de référence. Outre le Black Hawk, Sikorsky est aussi connu des passionnés d'aéronautique pour son S-58, largement utilisé pendant la guerre du Vietnam et la guerre d'Algérie, et le gros porteur CH-53 Stallion.