«Je mange mon chapeau»
Difficile de résister, en effet, à une transaction qui pourrait atteindre 1 milliard de livres, soit un peu plus de 1,4 milliard d'euros. A titre de comparaison, le milliardaire Jeff Bezos a racheté le Washington Post et ses 450 000 exemplaires vendus par jour, pour 250 millions de dollars seulement il y a deux ans. «Si Pearson arrive à obtenir 1 milliard de livres pour le Financial Times, je mange mon chapeau !» s'est exclamé Alex DeGroote, analyste chez Peel Hunt.
Ce «précieux trophée», comme il l'appelle, est diffusé à 720 000 exemplaires. Le journal rose saumon a surtout réussi avec brio sa transition vers le numérique. Son nombre d'abonnés ne cesse d'augmenter et 70% de ses lecteurs le lisent en version numérique. Et ce malgré le prix élevé de l'abonnement : le pionnier du modèle «paywall» demande 335 dollars (306 euros) par an à ses lecteurs connectés. Mais il est vrai que ces derniers, décideurs en entreprises et cadres de la finance, ont les moyens de payer pour lire leur bible.
Un lectorat riche et captif
Mais les avis concernant sa potentielle vente sont partagés. Claudio Aspesi, analyste chez Bernstein, ne pense pas que le moment soit propice. «Le Financial Times ne dévoile pas les détails du déficit de son fonds de pension, fait-il remarquer, mais c'est sûrement de l'ordre de centaines de millions de livres. Le taux d'intérêt est très bas en ce moment, payer le déficit de pension pourrait entailler sérieusement le produit net.»
Navire amiral
Ce n'est pas la première fois que la rumeur d'une vente du Financial Times circule. Elle a commencé lorsque Pearson a vendu, en 2008, les Echos, le cousin français du FT, à Bernard Arnault. Mais, en février 2013, John Fallon, le PDG de Pearson, avait déjà balayé d'un revers de la main les supputations sur une vente du navire amiral du groupe. «Le Financial Times a de la valeur, et il a de la valeur pour Pearson. J'ai dit que l'entreprise n'était pas à vendre», avait-il affirmé, avant d'ajouter qu'absolument aucune discussion n'avait été entamée. Cette fois-ci, Pearson, tout comme Axel Springer, n'a pas commenté la rumeur. Est-ce un signe ?