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Libération
interview

Elevage : «On veut des prix, pas seulement des aides d’urgence»

Pour Samuel Bidert, responsable des Jeunes Agriculteurs du Calvados, les 600 millions d'aides d'urgence aux éleveurs en difficulté ne suffiront pas. Il faut leur garantir des «prix durables».
Des agriculteurs suspendent leur action de blocage près de Caen, le 22 juillet 2015 (Photo CHARLY TRIBALLEAU. AFP)
publié le 22 juillet 2015 à 17h37

Après l'annonce d'une aide d'urgence de 600 millions d'euros par le gouvernement, les éleveurs ont commencé à lever leurs barrages autour de Caen et du Mont-Saint-Michel. Le responsable de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) du Calvados, Jean-Yves Heurtin, a appelé à «suspendre le mouvement, et qu'on mette à l'épreuve le ministre dans ses engagements». Mais dans le Finistère, les accès à la ville de Brest restaient bloqués mercredi après-midi. Et des opérations coups de poing visant des supermarchés dans l'Ouest se sont également poursuivies. Samuel Bidert, responsable des Jeunes Agriculteurs du Calvados et l'un des leaders du mouvement, reste prudent face au plan annoncé par le Premier ministre, Manuel Valls, et le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.

Votre première réaction aux annonces de Stéphane Le Foll ?

Le ministre a bien pris la mesure de la situation dramatique que vivent les éleveurs dans toutes les productions, et c’est déjà une bonne chose. Il a également mobilisé cinq ministres et mis tout le monde au travail, ce sont des signes positifs car il faut avancer tous ensemble. Le ministre va dans le bon sens et il faut lui laisser une chance et le temps de travailler. Mais il faut qu’on avance, et ce n’est pas suffisant pour l’instant. Une nouvelle étape a été franchie mais les mesures restent encore trop évasives et il faut qu’on aille très vite dans le concret.

Les 600 millions d’aide d’urgence représentent cependant une mesure concrète…

Ramené au nombre d’agriculteurs, il faut relativiser, et ce n’est là qu’une aide ponctuelle pour les éleveurs les plus en difficulté. Si les prix ne se rétablissent pas rapidement, on se retrouvera dans la même situation. On veut d’abord des prix, pas seulement des aides d’urgence. Le ministre semble vouloir aussi travailler sur la contractualisation, c’est un point positif. On a déjà des systèmes de contractualisation, mais ils sont mal équilibrés et fonctionnent à sens unique. Il faut des organisations de producteurs plus fortes et que le ministre tape du poing sur la table pour réorganiser les filières et qu’on puisse avoir des prix durables.

Quelles suites pensez-vous donner à vos actions ?

Pour l’instant, on est en pleine réflexion. On attend d’avoir le détail des annonces et les analyses de nos responsables nationaux pour les soumettre au terrain et décider de la poursuite ou non du mouvement.