Un plan d’urgence de 600 millions d’euros, un service après-vente assuré par le Président, une succession de réunions orchestrées par Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, un accord sur le prix du lait obtenu à l’arraché. Depuis une semaine, l’exécutif multiplie les signaux d’apaisement en direction des éleveurs. Mais rien n’y fait, la colère des agriculteurs ne tombe pas, faute, disent-ils, de solutions durables proposées. Une situation explosive pour le gouvernement, à quelques heures d’un chassé-croisé sur les routes des vacances.
Mais c’était sans compter la nouvelle carte dégainée jeudi par Le Foll : l’organisation, en septembre, d’un conseil européen des ministres de l’Agriculture. De quoi calmer les agriculteurs inquiets que la dimension européenne n’ait, pour l’heure, pas été évoquée ? Reste à voir ce qui naîtra de cette réunion. Pour les éleveurs, il faut qu’elle débouche sur un relèvement du «prix d’intervention», jugé trop bas. Ce dernier permet à l’Europe, en cas de surproduction, d’acheter les excédents pour soutenir les prix.
Le 13 juillet, devant ses homologues européens, Le Foll s’était prononcé en faveur de ce coup de pouce. Mais le coût risque d’en crisper plus d’un à Bruxelles. Et ce d’autant plus qu’un autre sujet sensible, poussé par la grogne des agriculteurs, pourrait s’inviter à la table des négociations : celui des distorsions de concurrence dans l’Union européenne. Jugée plutôt généreuse envers ses éleveurs et souple dans son usage de la «directive détachement» qui lui permet d’embaucher à bas coût de la main-d’œuvre étrangère dans ses abattoirs, l’Allemagne est dans la ligne de mire. Ses pratiques sont même dénoncées par Stéphane Le Foll en personne. Mais de là à porter plainte devant la Commission contre le cousin d’outre-Rhin, comme l’a fait le gouvernement belge en 2013, il y a un pas que l’exécutif français n’a toujours pas franchi. Et il pourrait encore hésiter à le faire au moment où il promet toute une série d’aides aux éleveurs, sans avoir la garantie totale qu’elles soient conformes au droit européen.