Douche froide pour le gouvernement. La croissance en France a été nulle au deuxième trimestre, alors même que l’Insee prévoyait, dans sa dernière note de conjoncture en juin, une hausse de 0,3 % de l’activité. Seule petite consolation, la légère réévaluation des chiffres pour le début de l’année, avec 0,7 % de progression entre janvier et mars, contre 0,6 % estimé jusqu’à maintenant. Résultat : l’acquis de croissance, c’est-à-dire le niveau de l’activité si les deux derniers trimestres affichent, eux aussi, une stagnation, s’établit à 0,8%.
Dans le détail, c’est la consommation des ménages qui fait flancher l’économie au deuxième trimestre : sa forte décélération (+ 0,1 %) après un très bon premier trimestre, tire vers le bas la demande intérieure. En cause, notamment, la baisse de la consommation d’énergie, de l’habillement et des médicaments. Un coup d’arrêt que ni les entreprises ni les administrations publiques ne parviennent à compenser, leur demande interne ralentissant elle aussi. Seules les exportations (+ 1,7 %) viennent limiter la casse au premier trimestre, amortissant à la fois le ralentissement de la conso interne, mais aussi la variation négative des stocks (- 0,4 %).
«Reprise bel et bien engagée»
Une mauvaise performance qui n'a pas entamé l'optimisme de l'exécutif. Loin de là. «Ces chiffres nous encouragent à maintenir le cap et à poursuivre nos efforts pour amplifier la reprise de la croissance et créer davantage d'emplois», a déclaré le Premier ministre, Manuel Valls, en direct d'Avignon. «Constatons […] que le chiffre de la croissance du 2e trimestre, à première vue décevant, vient après un 1er trimestre très dynamique, et qu'au-delà des à-coups d'un trimestre à l'autre, inévitables dans toute phase de redémarrage, la reprise est bel et bien engagée en France», explique, de son côté, le ministre des Finances dans une tribune au Monde.
Et Michel Sapin de vanter, lui aussi, la politique économique suivie jusqu'ici : «Ce résultat (sic), ce n'est pas seulement le fruit d'un "alignement astral" favorable – pétrole bas, taux d'intérêt bas, euro bas. C'est d'abord le résultat d'une politique volontariste : avec le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) et la première étape du Pacte de responsabilité et de solidarité, ce sont 20 milliards d'euros qui ont déjà été restitués aux entreprises». Or s'il est vrai que les marges des entreprises se sont enfin rétablies (31,1 % au 1er trimestre), ces dernières n'ont toujours pas décidé d'en faire profiter l'économie. Leurs investissements ralentissent fortement au deuxième trimestre (0,2 % après 0,6 %), obérant une reprise franche de l'activité.
L'objectif de 1 % pour 2015 reste atteignable
Au final, l’objectif officiel d’une croissance de 1 % cette année reste à portée de main. Mais le petit plus espéré - 1,5% selon Valls ce mercredi - semble, pour l’instant, s’éloigner. Un petit plus qui permettrait à l’exécutif de stabiliser, à grand renfort d’emplois aidés, la fameuse courbe du chômage, sur laquelle est désormais indexée la candidature de François Hollande en 2017.
Petite lueur d’espoir : les données sur l’emploi salarié font apparaître - en contradiction avec les chiffres de la croissance - une hausse de 27 300 postes dans le secteur marchand au deuxième trimestre. Mais toujours une légère baisse sur un an (- 4500). Quand ça veut pas…