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Libération
Décryptage

Spotify limitera bientôt le catalogue de son offre gratuite

La plateforme suédoise de streaming musical envisage de n'offrir gratuitement à l'écoute qu'un ou deux titres d'albums très attendus ou de limiter la durée d'accès des sorties récentes.
Le PDG de Spotify, Daniel Ek, en mai à New York, lors d'une conférence de presse annonçant l'arrivée de contenus vidéos originaux sur Spotify. (Photo Don Emmert. AFP)
publié le 14 août 2015 à 13h16

Face à l'arrivée d'Apple Music — qui annonce 11 millions d'utilisateurs depuis son lancement, fin juin — et la concurrence toujours plus accrue sur le marché du streaming, le suédois Spotify semble se diriger vers une limitation de son catalogue en accès gratuit. Selon le site Digital Music News, la plateforme de musique en ligne devrait bientôt — on parle de début 2016 — offrir à ses abonnés premium des albums en exclusivité par rapport aux autres auditeurs.

«Passer à côté»

Plusieurs scénarios seraient envisagés : des albums particulièrement attendus seraient accessibles en entier aux utilisateurs premium, alors qu'en gratuit, seuls un ou deux titres seront audibles ; ou alors les albums seraient accessibles à tous pendant un certain temps avant que seuls les abonnés puissent y accéder. Cette nouvelle stratégie de Spotify vise évidemment à augmenter son nombre d'abonnés, la publicité entre les chansons n'ayant pas vraiment fait ses preuves comme contrainte poussant les internautes à passer en version payante. «Ils veulent que les utilisateurs gratuits aient le sentiment qu'ils sont en train de passer à côté de quelque chose», a ainsi déclaré une source proche de Spotify au site Digital Music News.

Spotify céderait ainsi aux demandes des majors de l’industrie musicale (comme Universal ou Sony Music), qui ont toujours vu d’un mauvais œil cette offre musicale gratuite. Les revenus liés à la publicité ne permettant pas de financer suffisamment l’industrie, les principaux labels préfèrent cette transition vers l’abonnement qu’opèrent depuis plusieurs années les plateformes de streaming.

«Nouvel usage»

Lors d'une enquête de Libération sur ces nouveaux modèles et l'impact sur la rémunération des artistes en France, Stephan Bourdoiseau, le patron de Wagram Music, première maison de disques indépendante française, expliquait : «Tout le pari actuel est de se servir du gratuit pour développer ce nouvel usage de la musique et de faire ensuite migrer les 11 millions de streamers français vers le modèle payant.»

C’est ce que semble faire actuellement Spotify. Son patron, Daniel Ek, a toujours refusé cette idée, malgré la défection d’artistes comme Adele ou Taylor Swift pour protester contre le modèle Spotify. Mais il devrait laisser tomber ses convictions cette fois-ci. En effet, à l’approche du renouvellement des contrats avec les maisons de disques, dans moins de deux mois, et l’arrivée sur Androïd d’Apple Music, Spotify doit trouver des arguments à faire-valoir.