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Libération

Patrons : une famille en or

Petit florilège de dirigeants d'entreprises françaises qui ont amassé des millions depuis 2013.
publié le 1er septembre 2015 à 21h23

Philippe Varin (PSA)

Fin 2013, les 21 millions d'euros de retraite chapeau - un record - accordés à Philippe Varin en partance de PSA Peugeot-Citroën font scandale. Au même moment, le constructeur est en train de fermer son site d'Aulnay et de virer 8 000 salariés. Il s'engage à renoncer au pactole prévu pour sa petite retraite «compte tenu de l'émotion dans notre pays qui a besoin d'être rassemblé plutôt que divisé». Las, on a appris début mai que Varin, devenu entre-temps président d'Areva - autre groupe sur le point de dégraisser -, touchera finalement de PSA 300 000 euros de retraite par an. Re-polémique. Et puis ? Et puis plus rien. Bercy valide en jugeant que «cette retraite est conforme au code Afep-Medef».

Carlos Ghosn (Renault)

Chaque année, le salaire mirobolant de l'inamovible PDG de Renault-Nissan fait polémique. Dernier épisode en date, on apprenait au printemps que Ghosn a touché 7,2 millions d'euros en 2014, contre 2,67 millions l'année précédente, au titre de Renault. Généreuse augmentation. Mais le cabinet Proxinvest révèle que son salaire a en réalité atteint… 15 millions d'euros ! Explication : le superboss perçoit aussi 7,6 millions en tant que patron du groupe japonais Nissan. Comme pour Michel Combes, on n'est pas loin des 1 000 années de Smic, mais en salaire annuel, pas en parachute. L'an prochain, l'Etat actionnaire, qui a porté fin avril sa participation dans Renault de 15 à 19,7 %, aura sûrement son mot à dire.

Christopher Viehbacher (Sanofi)

Après le parachute doré, le «golden hello» ! En accordant en début d'année une prime de bienvenue de 4 millions d'euros à son nouveau directeur général, Olivier Brandicourt, venu de Bayer, Sanofi a doublé la mise de la polémique. Le groupe pharmaceutique venait tout juste de verser 3 millions d'euros à son prédécesseur, Chris Viehbacher, évincé à l'automne par les actionnaires mécontents. Indemnité transactionnelle revue à la hausse : après négociations au couteau, Sanofi versera finalement 4,4 millions à Viehbacher - qui avait touché un salaire de 8 millions en 2014. Les salariés l'ont mauvaise, car le principal fait d'armes du partant est d'avoir supprimé 4 000 postes en France en sept ans.

Carlos Tavares (PSA)

Ancien bras droit de Carlos Ghosn chez Renault, le nouveau patron de PSA Peugeot-Citroën, Carlos Tavares, voulait absolument devenir numéro 1. Ce sera chez le concurrent, qui a accepté de lui verser en 2014 un salaire supérieur à 2,7 millions d'euros grâce à l'attribution d'une part variable de 1,6 million. Le tout en pleine crise sociale et dans la foulée de la polémique sur la retraite dorée sur tranche de son prédécesseur, Philippe Varin. Le syndicat CGT du constructeur automobile dénonce une «décision proprement scandaleuse» prise par le conseil de surveillance «avec l'accord du représentant de l'Etat, Louis Gallois». Et après ? Rien.

Lars Olofsson (Carrefour)

Mai 2012, les actionnaires de Carrefour, Bernard Arnault en tête, décident de débarquer leur PDG, Lars Olofsson, faute de résultats. A son arrivée, fin 2008, l'action coûtait 31 euros, à son départ plus que 14,40 euros. Des actionnaires minoritaires ont eu beau protester, arguant qu'«il n'y [avait] pas lieu de rémunérer l'échec», le Suédois a obtenu 1,5 million d'euros d'indemnités, liés à une clause de non-concurrence et une rente annuelle comprise entre 300 000 et 500 000 euros. L'entreprise, elle, a perdu 7 milliards de valeur boursière. En 2005, son prédécesseur, Daniel Bernard, avait déjà fait scandale en tentant d'obtenir un package de départ en or massif de 38 millions d'euros. Qu'il n'a finalement pas touché.

Ben Verwaayen (Alcatel-Lucent)

Alcatel-Lucent est abonné aux parachutes dorés qui font désordre. Avant les 13,4 millions de Michel Combes, il y eut les 4,8 millions accordés à Ben Verwaayen, arrivé en 2008 et parti en 2013. Un montant certes moins spectaculaire, mais le Néerlandais qui devait «sauver le soldat Alcatel» n'a pas fait de flammes malgré 10 000 licenciements sous son règne. A son départ, l'équipementier télécoms reste au bord du gouffre, avec 1,3 milliard d'euros de pertes en 2012 et un cours de l'action qui fait du rase-moquette. Intervient alors Combes, dont la mission est de revendre le groupe : 10 000 suppressions de postes bis repetita plus tard, c'est chose faite avec le rachat, annoncé en avril, d'Alcatel par Nokia.