Les possesseurs de box sans poste de télévision devront-ils payer la redevance ? A l’approche de la prochaine loi de finances, le débat sur une modification de l’assiette de la redevance audiovisuelle a encore rebondi, avec une passe d’armes entre Fleur Pellerin, la ministre de la Culture, et la secrétaire d’Etat au Numérique, Axelle Lemaire.
Mercredi, sur France Info, la première évoquait à nouveau la possibilité d'assujettir à la «contribution à l'audiovisuel public» non seulement les possesseurs d'un téléviseur, mais aussi ceux équipés d'une box internet. «Beaucoup de la consommation de la télévision passe par les box», juge Fleur Pellerin - une tendance qui ne peut que s'accentuer dans les années à venir, alors que la part des ménages équipés d'un téléviseur commence à s'éroder : entre 2013 et 2014, elle est passée de 98,1 % à 96,7 %.
Mais jeudi, lors d'un débat sur le plateau de l'Opinion, Axelle Lemaire s'est déclarée «pas tellement favorable» à cette option qui, dit-elle, «concerne moins de 2 % des foyers en France» (un peu plus de 3 %, en réalité) et qui aurait surtout le tort de toucher «certainement les jeunes qui n'ont pas, ou ont fait le choix de ne pas avoir la télévision». Certes, chacune est dans son rôle : une ministre de la Culture préoccupée de la pérennité du financement de l'audiovisuel public, versus une secrétaire d'Etat au Numérique peu pressée de froisser un public habitué aux contenus gratuits. La rue de Valois affirme pourtant qu'une éventuelle réforme ne devra toucher «ni les ménages jeunes ni les foyers fragiles».
Chez France Télévisions et à Radio France, on est favorable à une assiette élargie. Le secteur du numérique, lui, s'est peu exprimé, même si Gilles Babinet, «digital champion» de la France auprès de la Commission européenne, signait, jeudi, dans les Echos une tribune hostile à cette hypothèse… tout en mettant sur la table une piste nettement plus radicale. Celle de la fiscalisation pure et simple, en faisant «supporter le financement [de la télévision publique] par le budget de la nation et non par des taxes».Photos Reuters