Sa sentence vaut parole d'évangile. «Elle a le gène. Il n'y a pas besoin que ce soit marqué Alpine, on sait que c'en est une.» L'ancien coureur automobile Bernard Darniche, membre du comité consultatif d'Alpine, adoube la Célébration, prototype qui doit préfigurer ce que sera la future sportive française et que Renault, son propriétaire, promène depuis quelques semaines sur plusieurs événements automobiles. Ce week-end, elle était à Dieppe pour les 60 ans de la marque normande. 800 anciens modèles ont convergé de France et d'Europe pour se rassembler dans la ville qui vit naître les A106, premier modèle de la lignée, en 1955. C'était le plus grand rassemblement d'alpine jamais organisé. Dimanche matin, La Célébration a paradé en ville, au milieu de ses illustres parentes.
Renault, qui poursuit l'opération résurrection d'Alpine entamée en 2012, se devait de venir à Dieppe pour sentir le pouls des vrais aficionados. Des nostalgiques, des collectionneurs, des anciens salariés de la boîte qui tous ont déploré la fin de l'aventure en 1995 et espèrent le retour d'une digne descendante de la Berlinette, victorieuse au championnat du monde de rallye en 1973. Les milliers de visiteurs rassemblés sur le front de mer ont donc fait le détour par la grande tente - parfois dans la bousculade - pour juger la petite dernière. Bilan : un mélange de plaisir et de frustration. Certains vont lui reprocher sons style néorétro, ses faux airs d'allemande, mais globalement, elle plaît. «Elle ressemble à ce qu'elle doit être, assure ce mécanicien, propriétaire d'une A310 de 1978 qui résume un sentiment général. Elle est moderne mais on sent le passé dans le dessin.» Mais les questions fusent. Qu'est-ce qu'elle a dans le ventre, est-ce qu'on pourra la personnaliser, qu'est-ce qu'elle va réellement conserver du modèle présenté, combien elle va coûter… "Les échappements, c'est important, assure ce connaisseur. Et aussi le son. Il faut qu'elle ait un timbre, qu'elle ne soit pas aseptisée."
Autant de questionnements qui s'évanouissent dans le flou des réponses de Bernard Ollivier, patron de la société des automobiles Alpine et maître d'œuvre de cette renaissance : «C'est vrai, on prend notre temps. Mais il y a beaucoup d'attente et beaucoup de pression. On veut maximiser nos chances de façon à ce que personne ne soit déçu.» Plusieurs informations, non contredites par l'équipe, circulent déjà : le prix devrait tourner autour de 50000 euros, des journaux spécialisés annoncent une puissance comprise entre 250 et 300 chevaux. Et, surtout, la future sportive ne sera pas le seul bébé de la maison Alpine. «On ne peut pas s'imaginer, pour des raisons commerciales, qu'on va faire un modèle et puis c'est tout, poursuit Bernard Ollivier. Mais on y réfléchira plus tard. Si notre première voiture ne marche pas bien, il n'y aura pas de suivante. Donc ce n'est pas le sujet.»
D’abord annoncée en 2016, La sortie commerciale de la Berlinette nouvelle génération est prévue pour 2017.