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Libération
Edito

France Télévisions en voie de radiofrancisation ?

En quelques semaines, la direction de France Télévisions se retrouve confrontée à la même équation et à la même situation intenable que celle de Mathieu Gallet à Radio France.
publié le 15 septembre 2015 à 19h56

La concordance des annonces ne tient en rien de la coïncidence. Ce week-end, la ministre de la Culture a rendu ses arbitrages concernant le financement de France Télévisions et, pour Delphine Ernotte, nouvelle présidente du groupe audiovisuel, ce sera ni fromage ni dessert. C’est la formule qu’elle avait utilisée pour expliquer son intention de jouer sur tous les tableaux afin d’obtenir du cash, à la fois une augmentation et un élargissement de la redevance, et le retour de la pub après 20 heures. François Hollande avait déjà fermé la porte à une taxe touchant les écrans connectés, Fleur Pellerin a fait de même pour le reste des demandes. Tout juste a-t-elle promis une augmentation de la taxe que payent les opérateurs télécoms sur leur chiffre d’affaires pour l’affecter à l’audiovisuel public.

Dans ce contexte, on a appris lundi que France Télévisions prévoyait un déficit de 50 millions d’euros pour 2016, et donc un plan d’économies à la clé, excluant toutefois tout plan de départs. En quelques semaines, la nouvelle direction de France Télévisions se retrouve confrontée à la même équation et à la même situation intenable que celle de Mathieu Gallet à Radio France. Tous deux ont été nommés avec une volonté - qu’on ne peut pas nier - de vouloir développer et réformer ces institutions. Le patron de la Maison ronde s’est vite retrouvé dans une situation économique rendant impossible tout dynamisme. Et au sortir d’un conflit social très violent, ses marges de manœuvre pour réformer Radio France n’en sont que plus étroites, même si les audiences vont plutôt bien : son plan de développement a perdu en ambition, et il peine à trouver de nouvelles sources de financement. On craint que Delphine Ernotte se retrouve dans la même posture paralysante. Elle a bien réaffirmé son intention de se battre pour France Télévisions, mais le conflit social couve et elle aura aussi du mal à trouver des financements autres qui lui permettent d’être à la hauteur de ses ambitions. Dans les deux cas, le volontarisme affiché dans le choix de Gallet et d’Ernotte ne cadre pas avec la feuille de route qu’on leur impose. Et cela ne donne pas l’impression qu’ils sont soutenus dans cette démarche.