C'est finalement 200 millions de dollars (177 millions d'euros) qui ont été levés par Blablacar. Soit 40 millions de plus que ce que laissait supposer des informations qui ont circulé au début du mois. Une nouvelle illustration de l'insolente bonne santé de l'entreprise française - dont on peut se demander s'il faut toujours la qualifier de start-up. «Une opération record, historique pour une start-up française», claironne le communiqué. Les 100 millions d'euros levés par la start-up toulousaine Sigfox en février sont dépassés.
Avec ce quatrième tour de table, l'ensemble des levées de fonds s'élève à plus de 300 millions de dollars. Et surtout, la plateforme de covoiturage est désormais valorisée à plus de 1,5 milliard de dollars, estime les Echos. Ce qui la classe parmi les rares licornes françaises, expression lancée aux Etats-unis et employée pour désigner ces petites boîtes qui ont parfaitement mis en musique la règle d'or entrepreneuriale «Think big, start small, grow fast» (pense grand, commence petit, grossis vite) et qui pèsent plus d'un milliard de dollars.
Blablacar est allé chercher ces 300 millions auprès de trois fonds d’investissement – deux américains et un suédois –, renforçant sa stratégie de développement à l’international, un nouvel axe publiquement affiché depuis un an. Après sa précédente levée de fonds, en juillet 2014, l’entreprise s’est déployée en Turquie, puis en Inde et, en avril, elle annonçait le rachat de son principal concurrent européen, l’allemand Carpooling.com, et celui d’Autohop, start-up basée à Budapest et qui opère dans plusieurs pays voisins.
Via ces implantations et ces rachats, Blablacar est désormais présent dans 19 pays : l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Croatie, l'Espagne, la France, la Hongrie, l'Inde, l'Italie, le Mexique, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, le Royaume-Uni, la Russie, la Serbie, la Turquie et l'Ukraine. Un déploiement tentaculaire qu'il n'est pas prévu de ralentir. Si Blablacar précise que cette levée de fonds doit asseoir «le décollage de la pratique dans les pays où la start-up française vient de se lancer», il affiche aussi son ambition de «prolonger son expansion internationale à de nouveaux territoires». Au programme : l'Amérique latine et notamment le Brésil «début décembre», précise Nicolas Brusson, directeur général et cofondateur. «A partir de 2016, on va vraiment mettre les voiles vers l'Asie», poursuit-il, lorgnant les marchés comme la Chine («même si c'est compliqué») ou encore le Japon, la Corée du Sud et l'Indonésie.
La société, qui s'affiche comme «la plus grande communauté́ de covoiturage longue distance au monde», assure rassembler 20 millions de membres, dont l'essentiel en Europe.