Twitter espionne-t-il les messages privés de ses utilisateurs ? C'est ce qu'affirme un utilisateur américain du réseau social, dont la plainte a débouchée lundi sur une action de groupe déposée auprès de la cour fédérale de San Francisco et mise en ligne par le site spécialisé Tech Crunch.
Wilford Raney et les autres plaignants assurent que Twitter «espionne directement ses utilisateurs» à travers leurs messages privés. «Quand un utilisateur envoie un message privé, Twitter intercepte, lit, et parfois altère même le message», peut-on lire dans la plainte, qui n'a pas encore été saisie par un juge. En cause, le traitement automatisé des messages privés («direct messages» en anglais), qui remplace les liens hypertextes par une version raccourcie, appartenant au nom de domaine «t.co», propriété de Twitter.
Négocier de meilleurs tarifs publicitaires
Scanner automatiquement les messages à la recherche de liens pour en modifier l'URL aurait plusieurs avantages. Cette méthode permettrait à Twitter de gonfler ses chiffres de trafic en direction des sites externes, et ainsi de négocier de meilleurs tarifs publicitaires. Les plaignants estiment également que parcourir les direct messages permettrait à Twitter de recueillir des données personnelles sur ses utilisateurs, ensuite réutilisées pour leur proposer des publicités plus ciblées.
Des accusations réfutées par Twitter dans la presse américaine. «Nous considérons que ces accusations sont sans fondement et nous avons l'intention de les combattre», a répliqué un porte-parole de Twitter dans le Wall Street Journal.
Google avait été visé par une plainte similaire en 2014, des utilisateurs de Gmail l'accusant d'analyser automatiquement le contenu des courriels pour afficher des publicités ciblées. L'affaire s'était finalement soldée par un accord amiable.
La plainte contre Twitter a-t-elle une chance d'aboutir ? Rien n'est moins sûr, estime Tech Crunch. Si les plaignants réclament «100 dollars par jour et par utilisateur dont la vie privée a été violée», le site spécialisé note que Twitter a assuré ses arrières, sa politique de confidentialité restant assez vague quant au caractère privé des direct messages (qui ne sont d'ailleurs jamais appelés «private messages» en anglais).