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Analyse

Aux Etats-Unis, Volkswagen pris la main dans le pot

publié le 21 septembre 2015 à 20h06

Grosse tôle pour Volkswagen : jouissant d’une image de marque solide, le groupe allemand et premier constructeur mondial d’automobiles n’avait pas essuyé pareil scandale depuis la Seconde Guerre mondiale. La découverte d’un système de triche aux tests antipollution installé sur 482 000 véhicules vendus aux Etats-Unis a entraîné le plongeon de 20 % du cours de la marque à la Bourse de Francfort lundi matin.

Le groupe accusait ainsi 15 milliards d'euros de pertes sur ses 77 milliards de capitalisation boursière. Il risque une amende de plus de 18 milliards de dollars, plus le coût de rappel de centaines de milliers de véhicules, lui aussi estimé à plusieurs millions - voire milliards - de dollars. Selon la puissante agence environnementale américaine (EPA), Volkswagen aurait doté ses véhicules fabriqués outre-Atlantique entre 2009 et 2015 d'un logiciel capable de détecter automatiquement à quel moment ils étaient soumis au test de mesure antipollution des autorités. Ce logiciel clandestin enclenchait alors un mécanisme interne de limitation des gaz polluants, permettant au véhicule de passer le test sans encombres et de se voir décerner un certificat de bonne conduite écologique. Une fois le test fini, le mécanisme antipollution se désactivait. «Ces voitures répondent ainsi aux normes d'émissions en laboratoire ou durant les tests, mais émettent en situation réelle jusqu'à 40 fois plus d'oxydes d'azote que la norme», accuse l'EPA.

La réputation du numéro 1 mondial est en péril. «L'image et la crédibilité de Volkswagen dans le monde entier sont maintenant entamées», juge Ferdinand Dudenhöffer un expert du secteur. Au salon automobile de Francfort, temple du mastodonte aux douze marques (Seat, Audi, Porsche ou Skoda), les aficionados accusent le coup : «C'est surprenant et choquant de la part de Volkswagen. [...] C'est un groupe qui inspire normalement confiance.» La défiance règne : «On se demande à présent si la manipulation n'a pas eu lieu non seulement aux Etats-Unis, mais aussi sur d'autres marchés comme l'Europe», relève Stefan Bratzel, directeur du centre allemand de recherche sur l'automobile CAM.

Outre-Rhin le secrétaire d'Etat à l'Environnement Jochen Flasbarth exige une opération transparence : «Nous sommes devant un cas avéré de tromperie des consommateurs et des dommages faits à la l'environnement. […] Tous les constructeurs allemands sont appelés à expliquer si les émissions d'autres modèles sont ou ont été manipulées de cette manière ou d'une autre», a-t-il déclaré. La Corée du Sud a également annoncé des contrôles sur trois modèles de la marque. Volkswagen a annoncé la suspension de la commercialisation des véhicules diesel quatre cylindres VW et Audi aux Etats-Unis. La réunion du conseil de surveillance du géant de Wolfsbourg prévue vendredi s'annonce pour le moins houleuse.