Menu
Libération
Autosatisfaction

Macron démarre au car de tour

En visite dans la dernière usine française d'autocars, le ministre de l'Economie a dressé un premier bilan de la libéralisation de ce mode de transport qui devrait créer des «milliers d'emplois» d'ici la fin 2016.
Emmanuel Macron en visite à l'usine Iveco d'Annonay. (Photo Jean-Philippe Ksiazek. AFP)
par
publié le 21 septembre 2015 à 19h19

La loi Macron pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques doit-elle être rebaptisée «loi pour le développement du transport par autocar» ? Un mois après sa promulgation, c'est en tout cas l'axe privilégié par le gouvernement et son ministre de l'Economie pour vanter un texte fourre-tout qui devait à l'origine surtout s'attaquer aux rentes de toutes sortes de bon nombre de professions protégées. Après les visites cet été d'Emmanuel Macron puis de Manuel Valls à la gare routière de la porte de Bagnolet à Paris avec poignées de main à l'intérieur des autocars, le ministre de l'Economie était lundi à Annonay (Ardèche) pour visiter l'usine d'Iveco, dernier site de production français d'autocars. L'occasion de claironner un premier bilan de l'effet le plus visible de sa loi à ce jour, à savoir la libéralisation du transport par autocars sur les routes de France. Une ouverture s'est traduite par la création de nombreuses lignes cet été. La loi, a-t-il dit, «a déjà ses premiers effets : 700 emplois créés, 250 000 passagers déjà transportés contre 110 000 sur l'ensemble de 2014 et on a 70 villes desservies. On en aura presque 100 d'ici la fin de l'année», poursuit-il, avant de voir plus grand encore. Selon lui, d'ici fin 2016, un million de voyageurs auront emprunté ces lignes et «on aura créé des milliers d'emplois».

Concurrence

Cet été, le ministre tablait déjà sur la création de 200 lignes intérieures d'ici la fin de 2016. Un chiffre qui sera largement atteint au vu de la multiplication des offres ces dernières semaines. La SNCF dont l'activité ferroviaire a le plus à perdre du développement de ce moyen de transport low cost s'est lancée sur ce marché après avoir rebaptisé sa filiale d'autocars Ouibus. Elle s'est fixé l'objectif d'ouvrir 130 liaisons dès 2016 desservant un réseau de 35 destinations en France. Un marché sur lequel elle va affronter quelques solides concurrents déjà bien implantés en Europe : l'Allemand Flixbus, le Britannique Stagecoach présent en France sous la marque Megabus et le Français Transdev, déjà familier des autoroutes européennes avec Eurolines et qui a lancé cet été Isilines dans l'Hexagone. Outre ces gros acteurs qui vont se disputer les premières places du marché, toute une série de PMI-PME se positionnent sur les petites lignes de province à l'image du regroupement d'autocaristes Réunir qui labellise 117 transporteurs sous sa bannière Starshipper.

Une inflation de l'offre qui d'après le ministre représente une belle opportunité pour les constructeurs. De quoi booster le carnet de commandes d'Iveco qui vient d'honorer une commande pour transporter la sélection de rugby néo-zélandaise des All Blacks durant la coupe du monde de rugby en Angleterre. «En Allemagne 80% des autocars qui circulent sont allemands», a déclaré le ministre en invitant à prendre exemple sur «ce comportement collectif». Autrement dit à acheter de l'autocar made in France ardéchois. Filiale du groupe italo-américain CNH industrial (ex-Fiat industrial), l'usine d'Annonay est le dernier site de production français d'Iveco mais aussi l'un de ses plus gros en Europe. L'ouverture du secteur a d'ores et déjà permis de doper de plus de 15% ses commandes. Iveco prévoit de terminer l'année avec 300 autocars produits en France, soit 50 de plus que l'an dernier. Une montée des cadences qui va permettre de «pérenniser» 50 emplois sur le site qui emploie déjà 1 300 personnes.