Un monde carburant à 100% d'énergies renouvelables en 2050 est parfaitement possible, crée des millions d'emplois et serait compétitif en termes de coûts. Voici ce qu'affirme le scénario «Energy (R)Evolution» publié lundi par Greenpeace International. Et appuyé, ce mardi, par une autre étude, commandée par la branche française de l'ONG, sur la manne inexploitée des renouvelables en France. Entretien avec Sébastien Blavier, chargé de campagne énergie à Greenpeace France.
Le scénario «Energy (R)Evolution» prévoit de parvenir à 100% d’énergies renouvelables en 2050. Moyennant des investissements de 1600 milliards de dollars (1400 milliards d’euros) par an. C’est beaucoup. Comment cet investissement pourra-t-il être «plus que couvert par les économies futures», comme l’affirme le rapport ?
Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer que le passage à 100% d’énergies renouvelables aboutira à la création de millions d’emplois ?
Le cabinet de consultants I-Care vient de publier ce mardi une étude -commandée par Greenpeace- sur la manne inexploitée des renouvelables en France. Quels sont les principaux bénéfices économiques et sociaux des renouvelables pour les territoires ?
Parmi les effets directs des projets sur les territoires étudiés, on constate la création d'emplois durables et non délocalisables ancrés dans le territoire, ainsi que l'augmentation des recettes fiscales des communes environnantes. A titre d'exemple, Arfons, près de Castres, a vu son budget quintupler, alors que le nombre d'habitants de Saint Georges sur Arnon (Berry) a doublé suite à l'implantation de projets éoliens. Ce parc éolien du Berry a généré 740 000 euros de bénéfices en quatre ans et grâce à lui, douze emplois de maintenance ont été créés en Indre et dans le Cher. Sur la commune de Saint Georges sur Arnon, deux emplois induits ont été créés, un emploi de mairie et un agent technique. Le parc solaire d'Ortaffa, à 15 km de Perpignan, avec ses 300 000 panneaux, génère 200 à 250 000 euros par an de retombées fiscales aux collectivités.
Les collectivités proches de l'implantation des projets renouvelables bénéficient elles aussi des effets d'entraînement du projet. Les communes peuvent investir dans l'efficacité énergétique, dans des lieux collectifs qui revitalisent la vie de la collectivité. Dans le cas du parc éolien de Sor-Arfons, près de Castres, les habitants ont ainsi contribué au projet par le biais d'un compte à terme, rémunéré à 5,25% brut. Leur participation a permis de lever 273 500 euros, et l'opération leur rapporte. A Puy Saint André, dans les Hautes Alpes, c'est une société d'économie mixte, dont le chiffre d'affaires est estimé à 140 000 euros pour 2015, qui gère les projets photovoltaïques. Depuis le début, les habitants sont directement actionnaires, aux côtés des collectivités locales. C'est une première en France.
Comment expliquez-vous que cette «manne» ne soit pas plus exploitée, alors ?
Une France 100% renouvelable en 2050, c'est possible et pas plus cher que le système actuel, il n'y a pas que Greenpeace qui le dit, l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) le dit aussi. Les acteurs des collectivités territoriales que nous avons rencontrés sont persuadés que c'est l'avenir et que les pouvoirs publics doivent accélérer le rythme.