Décidément, Emmanuel Macron plaît aux Britanniques. En juillet, il avait reçu son homologue, George Osborne, en grande pompe à Paris. Dans un contexte politique compliqué avec la perspective du référendum britannique sur son maintien ou pas au sein de l’Union européenne, l’attention avait été appréciée.
Mais c'est auprès des entrepreneurs britanniques que le ministre français de l'Economie a le plus d'impact. Il parle un langage qu'ils comprennent. «Monsieur le ministre, vous pratiquez couramment le langage du business et pas seulement la langue anglaise», s'est ainsi extasiée jeudi à Londres Alexandra Renison de l'Institute of Directors, l'équivalent du Medef. Elle résumait le sentiment d'une assemblée d'entrepreneurs britanniques et internationaux réunie dans la résidence de l'ambassadeur de France pour écouter la parole de cet ex-banquier d'affaires. Et ces entrepreneurs ont aimé ce qu'ils ont entendu.
Son message était simple et direct. La conférence s'intitulait «Pourquoi investir en France ?» et, pendant près de deux heures, le ministre a en substance répété : «Venez investir chez nous, la France est ouverte au business.» Dans un anglais parfait, parlant sans notes, Emmanuel Macron l'a dit et répété : «Je suis venu ici pour défendre les réformes qui sont faites dans notre pays, défendre l'action du gouvernement […] et montrer le visage de la France, son visage réel et non pas les idées reçues qui sont trop souvent véhiculées.»
Rires de l’assistance
Réformes du marché du travail pour accentuer sa flexibilité, simplification de la législation, du dialogue syndicat-direction, diminution de la bureaucratie, le ministre a vanté ses réformes et affirmé que, dans ce domaine, il irait «jusqu'au bout». «Il y a déjà longtemps, George Bush avait glissé à Tony Blair que les Français n'avaient même pas de mot dans leur langue pour "entrepreneur"», a-t-il glissé, avant d'ajouter, sous les rires de l'assistance : «Et pour cause, je dois dire, il est à nous ce mot ! [entrepreneur est aussi utilisé en anglais, ndlr]».
«Aujourd'hui, si l'on en croit les sondages, les jeunes sont obsédés par l'idée de devenir entrepreneurs, pas fonctionnaires ou politiciens, ils rêvent de fonder des start-up», a-t-il lancé, avant d'ajouter que le défi du gouvernement était de «débloquer l'économie et d'augmenter la flexibilité et la mobilité» des travailleurs.
Certains avaient été conviés à témoigner de leur expérience d'implantations en France : George Weston, directeur général de Associated British Food, qui possède Primark, une chaîne de vêtements très peu chers, récemment débarqué en France, Alain Carrier, directeur Europe du Canada Pension Plan Investment Bank et Frédéric Mazzella, fondateur et directeur général de Blablacar, ont ainsi partagé leurs expériences, qualifiées de «globalement positive» et salué les réformes en cours.
«Vous me faites dire sur la fonction publique des choses que je n’ai pas dites»
«Investir en France est parfois perçu comme risqué. Tout ce que je peux dire, c'est que ça n'a pas été le cas pour nous», a ainsi déclaré George Weston. L'homme d'affaires a cependant souligné les difficultés qu'occasionnent les contraintes françaises sur la durée du temps de travail pour une entreprise étrangère, une allusion fort peu déguisée aux 35 heures. Emmanuel Macron n'a pas relevé. Avant d'insister sur la nécessité de «permettre aux individus d'être plus flexibles dans leur vie quotidienne».
Quant aux polémiques qui ont accompagné son nom ces derniers jours – fonctionnaires, Aubry –, Emmanuel Macron les a écartées d'un geste. «Ces polémiques, elles ne m'intéressent pas, a-t-il déclaré à la presse française après son intervention. Vous me faites dire sur la fonction publique des choses que je n'ai pas dites.» Avant d'insister sur la nécessité de «choisir les bons et les justes combats, de répondre à ceux qui mentent aux Français et les envoient dans le mur. Notre responsabilité et notre rôle, c'est de travailler […], les autres polémiques ne m'intéressent pas ».