Regard bleu acier, sourire carnassier, Matthias Müller, 62 ans, dauphin du patriarche Ferdinand Piëch - qui continue de tirer les ficelles dans l’ombre en tant qu’actionnaire du groupe Volkswagen -, a passé toute sa vie au sein du géant allemand de l’automobile. Il a succédé vendredi à Martin Winterkorn, éjecté après le scandale mondial sur les tricheries du constructeur pour déjouer les contrôles antipollution.
Né à Chemnitz (Saxe), dans l’ex-RDA, il est très tôt passé à l’Ouest. Son parcours est classique, à l’allemande : une formation d’outilleur chez Audi suivie d’études d’informaticien à Munich, puis retour chez Audi (l’une des douze marques du groupe), en 1978, où il enchaîne les postes à responsabilités, mais aussi chez Seat, Lamborghini ou Volkswagen. En 2010, Ferdinand Piëch le nomme à la tête de Porsche avec une mission délicate : obtenir du fabriquant de bolides qu’il abandonne toute résistance contre le plan du «Vieux», l’intégration de Porsche au Konzern.
Le bilan de Müller à la tête de Porsche est exemplaire. Les ventes ont augmenté, au premier semestre, de 29,8 %. Il dispose aussi de la confiance des salariés, un atout indispensable au regard de la culture de Volkswagen. Membre depuis 2007 du directoire du groupe, il présente enfin l’avantage d’avoir été associé aux restructurations à venir, qui prévoient le regroupement des douze marques en quatre entités distinctes.
Récemment, ce pur produit Volkswagen s'était engagé dans le débat sur les réfugiés. Dans le Süddeutsche Zeitung, il invitait les managers allemands à prendre position contre l'extrémisme. Photo AFP