Un dimanche avec ou sans caisse ? C'est la question qu'on se pose à Paris avec l'organisation, le 27 septembre, d'une «journée sans voiture» dont la liste des dérogations est longue. L'interdiction de circuler entre 11 h et 18 h ne concerne que le centre, les automobilistes seront autorisés à rouler ce jour-là dans la majorité des rues de la capitale (à 20 km/h maximum), quand les taxis, bus et résidents pourront s'engager dans les zones «vertes». Le collectif Paris sans voiture, à l'origine de la journée, ne cache pas sa déception devant le résultat final, comme nous l'explique Delphine Grinberg, sa porte-parole.
Cette «journée sans voiture» est-elle comme vous l’imaginiez ?
On est en colère quand on voit le périmètre officiel qui a été décidé. Au vu de sa taille, et parce que les quartiers populaires ne font pas partie de la fête. Les transports en commun ne seront pas non plus gratuits ce jour-là, et cela ne nous satisfait pas. On espérait pouvoir les valoriser avec, par exemple, un pass spécial. On espère vivement que ce qu’on a payé administrativement cette année serve l’an prochain.
Que s’est-il passé ?
La préfecture n'a pas étendu le périmètre interdit aux voitures malgré nos sollicitations. Mais trois mairies d'arrondissement hors périmètre (XVe, XVIIe et XIXe) veulent malgré tout participer à la journée [sans effet sur la circulation, NDLR]. On espère que les automobilistes joueront le jeu en laissant leur voiture au garage. Notre inquiétude, c'est qu'il reste des gens qui ne soient pas au courant.
Va-t-il se passer quelque chose en dehors de l’hypercentre ?
Oui, la mairie de Paris a encouragé les animations spontanées en mettant en place une procédure de déclaration très souple. Nous avons vu passer toutes ces initiatives : démonstrations de vélo ou de danse, gym de rue, bal de tango argentin, carnaval du climat, visite littéraire de Montparnasse à Saint-Germain-des-Prés etc. (voir l'aperçu des événements sur le site Que faire à Paris). Un peu partout, tous les coins vont être occupés.
Nous incitons à investir les zones vert clair de la carte, dans lesquelles la circulation est fortement déconseillée et limitée à 20 km/h. Si la ville fourmille de vie, en particulier dans ces zones, les voitures se feront toutes petites comme lors de la fête de la musique. Ce serait bien si on pouvait garder un peu de cette imagination et de cette spontanéité l’an prochain, tout en se passant de gros sponsors.
Certains envisagent d’occuper la chaussée dans les zones autorisées aux voitures.
Oui, nous organisons une parade avec le collectif Vélorution qui partira à 10 h de la place de la République, passera dans les quartiers non-interdits à la circulation et reviendra vers 13 h.
A l’inverse, certains conducteurs se sont plaints de la manifestation. Que leur répondez-vous ?
C’est vrai qu’il y en a qui auront vraiment besoin de leur voiture ce jour-là. Je pense à une infirmière avec des horaires de travail particuliers, ou à une mamie qui voudrait aller écouter sa petite-fille chanter à Châtelet. Si elle ne peut pas prendre sa voiture il faut qu’elle puisse prendre un taxi. On ne veut pas qu’il y ait de larmes ce jour-là. Le problème, c’est que ceux-là n’ont pas d’interlocuteur à qui s’adresser en mairie. On est attentifs à tous les mécontents pour travailler avec eux en vue de la prochaine édition.