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Libération
EDITORIAL

Acteurs

publié le 27 septembre 2015 à 19h36

La «loi sur la République numérique» n'est ni un texte pour spécialistes d'Internet, ni un gadget pour geeks. Dans notre monde bouleversé quotidiennement par les technologies, cette loi peut modifier en profondeur le rapport de tous à l'information et favoriser l'innovation et la création. Elle est aussi une loi progressiste. Parce que nous défendons, à Libération, l'accès à un Internet libre et ouvert, le partage de la culture et des connaissances, nous soutenons le projet porté par Axelle Lemaire. Certains trouveront qu'il ne pas va assez loin : il ne légalise pas, par exemple, le partage non marchand entre individus, et ne met pas en place la réforme de la rémunération des auteurs que le numérique rend plus que nécessaire. Mais sur bien d'autres points, les intentions du gouvernement vont dans le bon sens. La «loi sur la République numérique» consacre Internet - outil indispensable pour accéder aux services publics, trouver un emploi, communiquer - comme un bien de première nécessité, presque comme un droit de l'homme. Elle conçoit que les fameuses «données» produites par l'administration puissent servir à un contrôle intelligent de l'action des pouvoirs publics. Et crée un «endroit», un bien «public» numérique, qui peut échapper aux échanges marchands. En proposant à chacun d'entre nous de travailler sur ce texte grâce à une plateforme de discussion, le gouvernement nous met aussi au défi de devenir les acteurs du changement. Nous, experts de notre vie quotidienne, usagers d'Internet et demandeurs d'une démocratie plus participative, nous voici au pied du mur. Il faut défendre aussi cette démarche. Il faudra également être vigilant pour éviter que le parti du «c'était mieux avant» ne détricote cette loi. Et espérer que cette démarche de cofabrication de la loi ne soit pas qu'un simple jeu de circonstance. La loi renseignement avait montré que le gouvernement savait être sourd, sinon méprisant, aux voix des expériences et des savoirs qui ne venaient pas du sommet.