Un Netflix du service public ? L'Institut national de l'audiovisuel (INA) lance à partir du mercredi 30 septembre Ina Premium, son nouveau service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD), de l'anglais «Subscription video on demand». «Une nouvelle façon pour le grand public d'accéder à nos fonds», explique Laurent Vallet, le nouveau président de l'INA qui a succédé à Agnès Saal, débarquée pour cause de notes de taxis démentielles à la fin du mois d'avril dernier.
20 000 programmes disponibles
«A l'heure où la loi sur la création est en plein examen, cette plateforme apporte une modeste mais ferme contribution à l'exploitation permanente et suivie des œuvres», s'est félicité Laurent Vallet. Fictions, séries cultes comme Thierry La fronde ou Les rois maudits, programmes mythiques comme Cinq colonnes à la une ou Thalassa, retransmissions sportives d'anthologie comme les grandes étapes du Tour de France ou Roland Garros... le catalogue est des plus variés et revisite les grandes heures de l'histoire de la télévision publique. A la différence du moteur de recherche Ina.fr qui ne met à disposition des internautes que des extraits de vidéos, «Ina premium propose des programmes intégraux», insiste Laurent Vallet. Soit pas moins de 20 000 pour commencer, auxquels s'ajouteront chaque mois «100 nouveaux programmes», comme le précise Stéphane Ramezi, responsable de l'édition multimédia à l'INA. Payante, cette offre commerciale sera disponible pour 2,99 euros par mois sur smartphones, ordinateurs et tablettes. Le compte pourra être utilisé sur ces différents écrans en simultané et en illimité au sein du même foyer.
Surfer sur la vogue des séries
Une consommation très libre et flexible, à la mode Netflix. 40% des programmes seront des séries et seulement 10% des émissions. Le reste se partage entre la jeunesse (Casimir, Babar, Bonne nuit les petits) et le sport. «Les séries télévisées constituent l'essentiel. On oublie peut-être un peu trop souvent que dans les années 60-70, la France consacrait de gros budgets à la production de grandes séries télévisées dramatiques», précise Stéphane Ramezi. «On n'a pas Games of Thrones, mais on a les Rois Maudits». De quoi séduire le telespectateur multi-écrans du XXIe siècle?
Dans l'esprit du grand public, il faut dire que l'INA évoque parfois les vidéos en noir et blanc du Général de Gaulle. L'âge de pierre de la vidéo en ligne version super-vintage pour ne pas dire un brin poussiéreuse. Devant cet argument, Stéphane Ramezi, persuadé de l'attractivité de son offre, a une parade toute prête : «Notre valeur ajoutée, c'est la profondeur du catalogue. Notre capacité de proposer au public des programmes qu'ils ne pourront pas aller voir ailleurs, à un prix défiant toute concurrence». Et d'ajouter : «En plus des émissions cultes, il y aura aussi de nouveaux programmes tels que des documentaires de créations ou des courts métrages».
L'objectif de l'INA, avec ce premier dispositif de SVOD de l'audiovisuel public, est de servir l'intérêt général. «On se place d'abord dans une logique de service public, explique Stéphane Ramezi. Cette offre a été conçue dans le cadre de notre mission d'exposition la plus large possible de nos fonds», poursuit-il.
«Pas de pub»
L'INA affirme qu'elle n'a pas «d'objectif de rentabilité à court terme sur ce service». Et son offre, payante, ne s'appuiera pas sur la publicité, à l'inverse du portail Ina.fr. «L'année dernière, à peu près 30 000 personnes ont acheté du contenu en téléchargement définitif, détaille Stéphane Ramezi. Si l'on fidélise un nombre similaire d'abonnés, peut-être qu'on gagnera de l'argent que l'on réinvestira soit dans les contenus, soit dans les outils techniques. Le prix modique de l'offre servira essentiellement à rémunérer les ayants-droit, qui vont toucher une part des recettes plus importante sur ces programmes intégraux que sur les extraits habituels».
Comme Netflix, l'INA a développé son propre algorithme de recommandations afin de cibler au plus près les attentes de son public. «En plus de ces recommandations, on veut faire découvrir au public de nouvelles choses, explique Laurent Vallet. Aller chercher le bon contenu et le donner au public si possible au bon moment ou dans le bon contexte. Et le mettre en résonnance avec l'actualité et le quotidien des usagers.»
A terme, l'INA «réfléchit plus que sérieusement» à développer cette offre pour «téléviseurs connectés», type Apple TV et développer les diffusions haute-définition (4K) et remasterisées.