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Libération
Reportage

Bartolone fait du tourisme numérique

Le candidat aux élections régionales en Ile-de-France a visité un «fab-lab» lors de sa campagne. Choc culturel.
Le candidat aux régionales en Ile-de-France Claude Batolone le 10 septembre. (Photo Dominique Faget. AFP)
publié le 30 septembre 2015 à 19h10

Après le métro, la start-up. L'étape du jour de la campagne de Claude Bartolone aux élections régionales est un «fab-lab» privé du XIIIarrondissement de Paris, baptisé l'Usine IO. Flanqué de Marie-Pierre de La Gontrie, tête de liste à Paris, le président de l'Assemblée nationale est venu voir ce que ces jeunes gens, même pas en costume mais avec des idées, pouvaient bien fabriquer. «Oh», «Aaah», «c'est dingue» : Barto vole de surprise en surprise, face à un prototype de skateboard en bambou, une sangle d'équitation connectée ou un télescope muni d'un Oculus Rift. On écoute poliment, volette d'un projet à l'autre, cinq minutes par ci, dix secondes par là. «C'est enthousiasmant. Ils ont la vingtaine et des tonnes d'idées», s'étonne Marie-Pierre de La Gontrie. Découverte.

Ringardisation instantanée

Ici, les «start-upeurs» conçoivent les objets de demain à la sauce 2.0. L'Usine IO met à disposition de ses protégés — sans condition ou prise de capital — conseils d'experts et machines mutualisées, contre un abonnement de 180 euros par mois et par personne. Une borne d'arcade d'un côté, une imprimante 3D de l'autre, des Macs au milieu. A l'entrée de l'ancienne galerie d'art contemporain, reconvertie en atelier pour geeks de 1 500 m², une inscription au mur : «Bonjour, annoncez votre arrivée sur l'iPad.» Bartolone n'en a pas eu besoin. Entre deux hochements de tête, le candidat s'enquiert de la formation de chacun de ses interlocuteurs. Réponse polie et quasi invariable : «Ingénieur.» «Ces gens-là sont complètement à la ramasse sur le numérique et le digital», glisse l'un des 130 pensionnaires de l'Usine IO. Si bien que le passage obligé d'une campagne dans un lieu associé à l'innovation flirte parfois avec la ringardisation instantanée du visiteur.

«Le politique n’est pas la solution»

La visite du quatrième personnage de l'Etat est toutefois perçue comme «un signe positif» par les acteurs du secteur. «Ça veut dire que ça bouge petit à petit», se réjouit l'un d'eux. «Comme souvent, le politique va prendre plus de temps que l'entrepreneur, avance Gary Cigé, l'un des trois fondateurs du "fab-lab". Ce qui est en train de changer, c'est la nature du travail. Le politique n'est pas la solution du monde dans lequel on vit, et ce n'est pas ce qu'on attend de lui. Nous souhaitons qu'il soit un support.»

Un constat partagé par Claude Bartolone lui-même, conscient du décalage entre les institutions et le rythme de vie de ces entreprises. «Nous devons avoir un rôle de facilitateur, la région peut servir d'interface entre les universités et les PME-PMI. Il y a un problème général de temporalité. On ne peut pas répondre à un entrepreneur qui cherche une aide : "Déposez un dossier, nous vous rappelons dans six mois."» Le candidat compte développer des «lieux de décision et de concertation communs» afin d'ajuster la réponse de l'Ile-de-France aux besoins de l'innovation. Cela passera notamment par l'accélération des procédures, condition de l'attractivité de la région selon lui. «Si nous n'avons pas les procédures adaptées, ils iront voir ailleurs», prévient Claude Bartolone. Des mesures concrètes ? Pas encore. L'Usine IO, qui fête son premier anniversaire le 1er octobre, n'a pas prévu de déménager d'ici au scrutin.