Pas gagnée d'avance, cette collaboration. «Je ne savais pas du tout ce que faisait le Numa», confie Pascal Demurger, directeur du groupe Maif, ajoutant, tout sourire : «On m'a quasiment tiré de force, pour que j'aille à leur rencontre.» Et pourtant, du haut de ses 81 ans, la Maif, cet assureur pour profs et instits, a manifestement choisi de vivre avec son temps : elle a en effet versé 3 millions d'euros via son fonds d'investissement Maif Avenir, au Numa, ce point de ralliement de l'écosystème numérique européen, créé en 2000 puis constitué en entreprise en 2013 et dont les salariés sont les actionnaires principaux. «Investir auprès du Numa est pour nous une stratégie incontournable si l'on veut être un acteur de référence dans l'économie collaborative», explique le dirigeant de la Maif, qui devient désormais le principal «investisseur-partenaire du Numa», selon les termes de Marie-Vorgan Le Barzic, déléguée générale de l'ex-association. Ces 3 millions d'euros s'ajoutent au million levé cet été sur la plate-forme de financement participatif SmartAngels, versé par 330 investisseurs individuels.
Un guide dans le paysage numérique
«Aujourd'hui, la Maif fait face à deux ruptures principales : la révolution digitale et l'essor de ce type de consommation qu'est l'économie collaborative. Ces deux ruptures ont un impact considérable sur les métiers de l'assurance», a indiqué Pascal Demurger. L'entreprise compte donc sur l'incubateur français pour lui servir de guide dans ce paysage numérique : «Cet investissement auprès du Numa est, pour nous, un des moyens d'apprendre les modes de fonctionnement et de raisonnement de l'économie collaborative, de comprendre les phénomènes en cours, de nous aider à prendre ce virage.» Outre l'aspect formateur de la démarche, la Maif ne cache pas son objectif de dénicher les «pépites» de cette nouvelle économie afin de poursuivre ses investissements : «Le Numa repère les start-up très tôt. C'est beaucoup plus facile d'investir pendant leur phase d'amorçage.» L'assureur n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai : il a déjà investi 18 millions d'euros auprès de plusieurs partenaires et start-up tels que Koolicar, Guest to Guest ou encore Cbien.
Objectif international
Si ce financement contribuera évidemment au développement du Numa, il lui permettra surtout de se «déployer à l'international», se réjouit Marie-Vorgan Le Barzic, déléguée générale de la pépinière. «C'est un secteur où la concurrence est de plus en plus forte : aujourd'hui, tout le monde souhaite "accélérer" les start-up. Nous, on veut conquérir au sens large. Avoir un impact social plus important. D'où l'intérêt d'augmenter nos partenariats.» Et pour preuve, l'entreprise se donne cinq ans pour développer son modèle dans le monde, à hauteur de trois à quatre pays par an. Aujourd'hui, on peut d'ores et déjà la retrouver à Moscou ou à Bangalore (Inde). Si ses activités principales sont actuellement gérées au 39, rue du Caire, dans le IIe arrondissement de Paris -un bâtiment de 1 500 m² et 6 étages comprenant des espaces de coworking, d'accueil et de conseil aux jeunes entrepreneurs, ainsi qu'un café-, l'objectif de la SAS serait de «créer un véritable écosystème mondial de l'innovation avec 15 plateformes réparties en Amérique du Sud, en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe de l'Est et en Asie». Une ambition qui ne s'arrête pas là puisque l'entreprise souhaite également accompagner 700 start-up en cinq ans en France et à l'étranger et participer à la transformation numérique de 250 grandes entreprises.