A ceux qui ne veulent pas vendre leur appart pour s’offrir une Ferrari California (170 000 euros, premier prix), sachez que vous pourrez vous offrir, d’ici à la fin du mois, un bout de cheval cabré pour une cinquantaine de dollars. Le montant n’est pas encore définitif, mais c’est grosso modo le prix que devrait coûter une action Ferrari. La marque italienne va en effet faire son entrée en bourse, près de soixante-dix ans après sa création. Cette arrivée, prévue de longue date, s’est précisée vendredi. Ainsi, la valorisation a été estimée à 10 milliards de dollars (8,8 milliards d’euros) par son propriétaire FCA (Fiat Chrysler Automobile). Le groupe prévoit de mettre 9 % du capital à la vente, soit 17 millions d’actions. Seule la date exacte n’a pas été donnée, mais selon le cabinet d’experts Dealogic, cela devrait se faire le 20 octobre.
Jusqu'à présent, Fiat s'était bien gardé de vendre son bijou à la découpe, fierté nationale et vitrine du luxe à l'italienne. Son patron, Luca Cordero di Montezemolo, a toujours été contre, s'opposant au président exécutif Sergio Marchionne. En septembre 2014, ce dernier se débarrasse de Montezemolo, pourtant à l'origine du redressement de la marque, prétextant des mauvais résultats de la Scuderia en F1 et de mauvais choix stratégiques. Marchionne a un plan en tête. Il est à l'origine du rachat de Chrysler entamé en 2009, et le groupe FCA, finalisé en 2014, est aujourd'hui le 7e mondial. Mais ce rachat a coûté cher et explique en partie la dette de FCA, qui devrait s'élever en 2015 entre 7,5 et 8 milliards d'euros. Avec l'introduction en Bourse de Ferrari, FCA escompte un apport de 893 millions de dollars, sans perdre le contrôle de la marque. Environ 80% du capital sera redistribué aux actionnaires de FCA, et les 10% restants seront conservés par Piero Ferrari, fils du fondateur Enzo. L'apport de cash est aussi nécessaire pour viabiliser le plan stratégique 2014-2018, présenté il y a un an et demi par Marchionne. Fiat Chrysler y annonçait sa volonté d'augmenter ses ventes de 60% d'ici 2018, à 7 millions de véhicules, et de multiplier par cinq ses bénéfices. Pour y arriver, il mise notamment sur une relance d'Alfa Romeo en lui redonnant son caractère sportif ainsi que sur Jeep et Maserati.
Reste que les actions doivent encore trouver preneurs. Le groupe a choisi la fourchette haute de valorisation et mise sur l’attrait de l’entreprise, qui, en 2014, a dégagé un résultat opérationnel de 693 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 2,76 milliards. Par ailleurs, Ferrari plafonne volontairement sa production à 7 000 modèles par an, renforçant le caractère unique de ses sportives. Mais la production pourrait facilement être amenée à 10 000 modèles par an.