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Libération
édito

Fleur Pellerin garante de l’indépendance des rédactions… audiovisuelles

La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, après le Conseil des ministres, ce mercredi, à Paris. (Photo Alain Jocard. AFP)
publié le 14 octobre 2015 à 19h16

Fleur Pellerin veut corriger le tir. Tout en se disant «garante de l'indépendance des rédactions», la ministre de la Culture avait donné l'impression, fin septembre, de défendre Vincent Bolloré. «Aucune enquête n'a révélé s'il y avait eu une intervention directe» du nouvel actionnaire principal de Canal+ dans la censure de deux documentaires, avait-t-elle maladroitement répondu au micro de France Inter. Deux semaines plus tard, plusieurs médias révèlent les mesures que le ministère de la Culture prépare pour renforcer l'indépendance éditoriale. Un «amendement anti-Bolloré», ont résumé certains. L'entourage de Fleur Pellerin récuse l'expression, préférant insister sur les «préoccupations» de la ministre quant au «phénomène inédit de concentration dans les médias». Trois mesures sont à l'étude : l'obligation d'inscrire le respect de l'indépendance éditoriale et de la pluralité des opinions dans les conventions entre les chaînes de télévision et le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), qui bénéficierait aussi d'un droit de regard sur la constitution (obligatoire) de comités d'éthique et de déontologie. Enfin, un statut de lanceur d'alerte serait instauré pour protéger les salariés qui dénonceraient des cas de censure. Les propositions témoignent d'une prise de conscience, réagissent plusieurs membres du collectif Informer n'est pas un délit. Ce qui est un bon début, mais seulement un début. «Pourquoi se limiter uniquement aux médias audiovisuels ?» s'interroge de son côté la chercheure Julia Cagé, auteure de Sauver les médias (Seuil). Aucune raison, sinon l'effet d'annonce dans le contexte de reprise en main sévère de Canal par Bolloré. Pourquoi aucune mesure ne concerne spécifiquement la question de la concentration des médias, alors que les grands groupes aux mains de quelques industriels se multiplient ? «Il faut redéfinir les seuils de concentration», assure Julia Cagé. Le Parti socialiste s'y était d'ailleurs engagé en 2012. Quant à l'intention - louable, se dit-on en première lecture - de créer un statut de lanceur d'alerte, il en dit long, en creux, sur l'état du secteur pour que le gouvernement estime nécessaire de protéger ceux qui en dénonceraient les turpitudes, au même titre que les salariés de l'industrie pharmaceutique.