Le plan A n'est peut-être pas mort à Air France. Lors d'un conseil d'administration de la compagnie qui s'est tenu jeudi, le PDG du groupe KLM-Air France, Alexandre de Juniac, a expliqué que même s'il était déjà lancé, le plan B de réduction de l'activité en 2017 pouvait encore être évité si la négociation avec les syndicats aboutissait rapidement. Un discours étonnamment identique à celui tenu la veille par Manuel Valls, qui a déclaré à l'Assemblée que les 2 900 suppressions d'emplois dans la compagnie «peuvent être évitées».
La réunion prévue pour faire le point sur la reprise des négociations - une seule rencontre a eu lieu à ce jour entre la direction et les pilotes - a été l'occasion pour Alexandre de Juniac de dire que cette reprise du dialogue s'était déroulée de manière «sereine et constructive». L'objectif d'Air France est clair et rejoint celui du gouvernement : calmer le jeu pour mieux négocier ensuite, notamment avec les pilotes. De la signature d'un accord avec ces derniers dépend en grande partie l'amélioration de la compétitivité de la compagnie face à une concurrence de plus en plus pressante. Selon la direction, les syndicats ont clairement signifié au cours de ces rencontres leur préférence pour un «plan de croissance» de l'activité - le principe du plan A - conditionné à de nouveaux efforts de productivité, plutôt qu'un plan de restructuration. Dans la grande partie de poker menteur qui se joue actuellement, tout porte à croire que le plan B «d'attrition» et ses 2 900 suppressions d'emplois a été lancé dans le but non pas d'être appliqué mais de pousser à une reprise très rapide du dialogue. Pas question néanmoins de le suspendre le temps des négociations, comme l'a demandé Ségolène Royal. La solution a vite été écartée par Manuel Valls, qui a réaffirmé que le gouvernement soutenait ce plan. La négociation oui, mais sous la pression.