Avec ses 36 millions d'articles rédigés dans plus de 250 langues par quelque 2 millions de contributeurs, Wikipédia est le septième site le plus consulté au monde, derrière Google, Facebook et YouTube, mais devant Twitter. Depuis 2001, il «donne le pouvoir à une communauté non définie par avance de rédiger une encyclopédie», rappelle Rémi Mathis, conservateur à la Bibliothèque nationale de France et ancien président de l'association Wikimédia France. Avec pour maîtres mots l'ouverture à tous et la «neutralité de point de vue», mais aussi l'autorégulation - ce que le sociologue Dominique Cardon nomme la «vigilance participative». Les «Wikipédiens» «vérifient, corrigent, protègent, […] argumentent, votent», écrivait-il en 2009 dans la revue Réseaux.
Des règles procédurales particulièrement complexes pour un projet devenu colossal, qui fonctionne «par la transparence de l'ensemble des contributions», appuie Rémi Mathis. Lequel verrait d'un bon œil la consécration par la loi d'un «domaine commun informationnel», notion encore «très mal comprise» - il rappelle qu'en juin, l'eurodéputé Jean-Marie Cavada comparait, sur son blog, Wikipédia à Facebook… «On construit un bien réutilisable par tous, ce n'est pas une question de profit», s'agace Rémi Mathis.
Depuis 2004, la communauté OpenStreetMap fait le même pari dans le domaine de la cartographie. Après le séisme de 2010 en Haïti, elle a d’ailleurs mis sur pied une équipe dédiée pour répondre aux besoins des organisations humanitaires.