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Pour son retour sur Canal, «Groland» s'attaque (un peu) à Bolloré

L'émission satirique a égratigné l'homme d'affaires breton pour sa première émission de la saison 2015-2016.
Moustic en bigoudène dans le premier numéro de «Groland» sous l'ère Bolloré, le 24 octobre 2015. (Photo DR)
publié le 26 octobre 2015 à 11h58

«Comme vous pouvez le voir, il y a eu quelques changements à la tête de notre chaîne.» Samedi soir, Jules-Edouard Moustic a présenté le premier numéro de la saison de Made in Groland déguisé en bigoudène. L'émission satirique pouvait difficilement épargner Vincent Bolloré, le président du conseil de surveillance du groupe Canal +, à qui l'on doit les bouleversements des mois derniers de la chaîne cryptée. Dans Groland, son petit nom est Vinvincent Le Colleric.

«Beaucoup de Grolandais se méfient du nouveau patron breton, il est fort décrié. A tort, comme le prouve ce micro-trottoir dans les rues de Groville», enchaîne Moustic. S'ensuit une compilation de faux témoignages de fumeurs de joints fans des feuilles à rouler GROCB, référence à l'entreprise familiale de papiers à cigarettes de l'homme d'affaires breton, bien qu'elle ne soit plus dans le giron Bolloré depuis 2000. «Jaloux de notre indépendance, nous avons décidé de tester ses nerfs en envoyant notre grand et meilleur reporter Michael Kael enquêter sur les dessous de ses activités africaines.» Au lieu du duplex promis depuis le port d'Abidjan, le journaliste pleutre incarné par Benoît Delépine se contente de vanter les mérites des voitures électriques Autolib (exploitées par Bolloré) en suant à grosses gouttes, avant de livrer la recette bien beurrée du kouign-amann.

L’émission en question en visible en intégralité ci-dessous :

Les vannes sur Bolloré n'occupent qu'une petite portion de l'émission, au début. De mémoire, celles sur Jean-Marie Messier étaient plus méchantes à l'époque, mais nos souvenirs sont peut-être flous et la saison 2015-2016 ne fait que commencer pour Moustic, Delépine, Kervern et compagnie. Dans l'émission de samedi, on notera surtout la présence en invité de José Bové : le député vert européen incarne un certain Jean-Lelouis Meunion, «patron syndicaliste» dans l'agriculture et évident doigt d'honneur à la FNSEA de Xavier Beulin, le président du syndicat également à la tête d'un groupe industriel.

Ce tardif retour à l'antenne multiplie par ailleurs les piques à d'autres émissions de Canal : les jeunes journalistes du Petit Journal et Cyrille Eldin du Grand Journal en prennent pour leur grade, de même qu'un Thierry Ardisson décrit dans un faux zapping comme «tellement fou de rage de ne pas avoir obtenu notre horaire». L'homme en noir présente toujours son talk-show Salut les terriens, diffusé juste avant Groland. La meilleure nouvelle de l'émission – qui propose toujours une caricature exclusive de Luz, ici à base d'Astérix et de dilatation anale – reste l'annonce de la diffusion du long-métrage Made in Groland, réalisé par Moustic et Delépine, et dont la production avait été lancée avant la prise de pouvoir bolloresque : elle est prévue pour le samedi 19 décembre.