C’est un bout de jardin avec six emplacements disponibles. Sur l’un, on dispose une gamelle de pâtée. Sur les autres, une balle en caoutchouc, une pelote en laine, un griffoir, une boîte en carton et un coussin en forme de mouton. Voilà, les pièges sont dressés. Quand on reviendra dans une dizaine de minutes, on a de bonnes chances de tomber sur un petit chat s’ébattant joyeusement dans le paradis qu’on lui a aménagé.
C’est ça, le but de
Neko Atsume
, et uniquement ça : équiper, arranger et agrémenter le jardin encore et encore pour y attirer tous les chats du quartier. Et pas question de les adopter : ils sont libres, les minous ! Si les jouets leur plaisent, ils pointeront le bout de leur museau. Si la nourriture les répugne – ou pire, si la gamelle est vide –, ils iront voir ailleurs.
Très populaire au Japon depuis un an, l’application pour
[ Android ]
et
[ iOS ]
vient de sortir en version anglaise. Ce n’est pas comme si les fans hardcore attendaient cette nouvelle avec impatience : ils avaient déjà rédigé des
[ guides entiers ]
pour apprendre à naviguer dans le jeu et son menu en idéogrammes. Mais le marché de
Neko Atsume
vient de s’agrandir de plusieurs millions de joueurs potentiels, qui comprennent désormais qu’on achète les jouets et la nourriture dans le «Shop», qu’on prend des photos de ses petits protégés avec la «Camera» et qu’on consulte l’album de ses visiteurs réguliers dans le «Catbook».
Bien sûr, c'est gratuit. Et bien sûr, on peut accélérer la progression du jeu en achetant des stocks de poissons (la monnaie locale) avec quelques euros sonnants et trébuchants. Enfin, quand on dit «le jeu»... Vu le peu d'objectifs et de règles imposées à l'utilisateur, hormis celui de recevoir la visite d'un maximum de matous pour remplir son album photo, on a plutôt envie de considérer Neko Atsume comme le Tamagotchi des temps modernes. Ça ne sert à rien, ça vit sa vie tout seul dans notre poche, mais on y est tellement dépendant qu'il faut sortir le smartphone toutes les demi-heures pour renouveler le stock de bouffe et espérer surprendre Spooky ou Snowball en flagrant délit.
Gentiment ridicule ? Mais pas du tout. Quand on sera assez riche pour se payer un arbre à chat à trois étages, une canne à pêche à papillon, un vase en cristal à renverser, l’extension pour rentrer à l’intérieur de la maison, des sashimis et un hamac bicolore, et que notre parc d’attractions félin sera fréquenté par huit ou neuf poilus
simultanément
, on verra bien qui rigole le dernier.