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Libération

Les marionnettes seront-elles moins impertinentes ?

publié le 13 décembre 2015 à 18h46

C'est le vrai défi. «Jusqu'à présent, on pouvait parfois les trouver moins drôles, mais ils étaient toujours autant corrosifs et vachards», rappelle Pierre-Emmanuel Barré, auteur de chroniques grinçantes à France Inter ou Canal +. Fan depuis toujours - «ils ont osé tellement de trucs» -, il reste, lui, dans l'expectative : «Ils vont changer radicalement de cible, aller vers la culture pop, s'adresser aux jeunes. Je serais déçu s'ils n'étaient plus aussi subversifs.» Il attend d'ailleurs beaucoup de la première quotidienne : «Ils sont obligés de revenir sur ce qu'il s'est passé, pourquoi ils ont été absents aussi longtemps.» Une manière de jauger leur liberté de ton d'entrée de jeu.

Pour Marc-Antoine Le Bret, imitateur de plusieurs voix pour l'émission, il n'y a aucun doute à avoir : «L'impertinence a toujours été la marque de fabrique des Guignols», assure-t-il. Même son de cloche du côté de la production : «Les sketchs sont toujours aussi percutants et incisifs, il n'y a pas de vraie rupture dans l'humour. Ils en ont fait un sur les migrants qui était fabuleux. De ce que j'ai vu, je trouve leur humour plus élégant.»

Tout dépendra en réalité de l'interventionnisme de Vincent Bolloré. On le sait assez frileux sur l'humour Canal +, et peut-être plus encore sur la question du religieux que du politique. «Pour ma part, quand je suis allé sur Canal +, je n'ai jamais été emmerdé sur mes textes, j'ai toujours dit ce que je voulais, explique Pierre-Emmanuel Barré. Le vrai problème, c'est plus celui de l'autocensure.»

En interne, on veut croire que Bolloré a retenu la leçon des récentes polémiques qui ont suivi sa volonté d’avoir son mot à dire, jusqu’à la qualité des programmes, et qui se sont retournées contre lui. La production artistique n’a pas changé et Bolloré, qui n’est pas intervenu durant les dernières semaines, semble lui accorder sa confiance.