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Libération
Décryptage

Météo : un temps clément pour les ménages

Les températures actuelles vont faire baisser les factures de chauffage. Mais l’activité va s’en ressentir.
Sur une plage de Nice, le 27 décembre. (Photo Valéry Hache. AFP)
publié le 29 décembre 2015 à 19h51

Avec le climat détraqué, l’économie souffle le chaud et le froid. L’exceptionnelle douceur de cette fin d’année chamboule la conjoncture. Certains ménages sont gagnants, mais l’activité est globalement perdante. Inventaire des plus et des moins values de ce drôle de début d’hiver.

Moins de chauffage, plus de pouvoir d'achat. C'est l'effet le plus direct de ce coup de chaud sur l'Hexagone. Sur les trois premières semaines de décembre, on estime que la baisse des dépenses de chauffage des Français a été de 20 à 30 %. De quoi dépenser son argent ailleurs ou épargner. Selon les modèles de l'Insee, les services comme l'hôtellerie ou la restauration sont en général dopés à hauteur de 0,5 % par degré supplémentaire. Sauf que d'autres facteurs, tels les attentats de novembre, devraient contrebalancer cet effet positif. Si la douceur se poursuit, cela devrait en revanche être tout bénef pour le bâtiment, très sensible aussi à la météo. Toujours selon l'Insee, des températures supérieures de 1° C par rapport aux normales saisonnières induisent une hausse de l'activité d'un demi-point de PIB dans ce secteur. L'activité dans la construction pourrait s'en trouver dopée en janvier et février avec des reprises de chantier anticipées.

Coup de froid pour les énergéticiens. Le bonheur des particuliers fait le malheur d'EDF, et plus largement celui de la consommation. Avec des dépenses d'énergie en repli de 5,6 % en novembre - et probablement plus encore en décembre -, la consommation globale des ménages a déjà chuté de 1,1 % par rapport à octobre. Le mouvement devrait s'amplifier en décembre, selon l'Insee, qui anticipe un nouveau recul de 1,8 % sur le dernier mois de l'année. Dans une étude récente, l'organisme statistique estimait qu'une température supérieure de 1° C à la normale en janvier pouvait entraîner une baisse jusqu'à 30 % de la consommation des ménages en eau, gaz et électricité.

L'habillement en berne. C'est le secteur du commerce qui devrait être le plus durement touché par ce coup de chaud. Son recul est d'ores et déjà estimé à 15 % et les soldes de janvier s'annoncent difficiles. Il va falloir déstocker et donc brader des montagnes de manteaux ou de doudounes, ce qui pèsera sur les marges. En cas d'absence totale d'hiver, plus exclue à ce stade, l'exercice sera encore plus périlleux, même si les enseignes peuvent essayer de se rattraper en anticipant les ventes de leurs collections printemps-été. Dans une moindre mesure, l'alimentation est aussi touchée, avec des ventes de produits d'hiver (soupes, infusions, etc.) en dégringolade, même si les achats de fêtes de fin d'année peuvent compenser ce phénomène.

Quid de la productivité ? Il est trop tôt pour dire quel sera l'impact d'une forte élévation des températures sur la performance économique. Mais selon une récente étude américaine citée par les Echos, la productivité décline d'environ 1,7 % pour chaque degré de plus lorsque cette dernière dépasse 15° C outre-Atlantique.