Des semaines de rumeurs ont eu raison de leur silence. Orange et Bouygues Telecom ont confirmé, ce mardi, avoir engagé des «discussions préliminaires» en vue d'un rapprochement à l'issue duquel le premier avalerait le second. «Ces discussions ne sont pas contraintes par un calendrier particulier et ne s'engagent pas sur un schéma prédéfini», précise l'opérateur de télécommunications historique. «A ce jour, aucune décision n'a été prise et rien ne garantit l'issue de ces discussions préliminaires», prévient de son côté Bouygues Telecom. Les négociations entre les états-majors des deux entreprises et les banquiers d'affaires ne font donc que commencer.
L'officialisation, qui offre peu de détails, fait suite à un article du Journal du dimanche publié ce week-end. D'après l'hebdomadaire, le schéma envisagé valoriserait Bouygues Telecom à hauteur de 10 milliards d'euros. L'actionnaire, le groupe Bouygues, recevrait 2 milliards en cash et 8 milliards en actions, qui lui serviraient sur un plateau une participation d'environ 15% dans Orange. Il deviendrait ainsi le deuxième actionnaire de l'entreprise, derrière l'Etat, qui détient actuellement 23% de l'ex-monopole mais pourrait se retrouver dilué. Nul doute que le gouvernement suivra le dossier de très près : les conséquences d'une telle fusion en termes de prix pour les abonnés, d'investissements dans les infrastructures et d'emplois sont potentiellement explosives. Le JDD assure qu'Orange est prêt à s'engager à «ne pas licencier». «Bouygues attachera dans toutes les discussions qu'il mènera une importance déterminante à l'intérêt des collaborateurs de Bouygues Telecom», écrit ce mardi l'opérateur.
Pour aboutir, l'opération devra passer le cap des autorités de la concurrence, française et européenne. Car l'éventuel nouvel ensemble aura une part de marché de près de 50% en France. Et c'est là que les choses se compliquent : Orange et Bouygues Telecom devront sans doute s'entendre avec les deux autres larrons du secteur, Numericable-SFR et Free, pour leur céder des fréquences, des boutiques et une partie de leurs clients. Ces derniers ont donc le pouvoir de bloquer la transaction s'ils le souhaitent. En réalité, la consolidation pourrait satisfaire tout le monde. Une moindre concurrence achèverait définitivement la guerre des prix entamée en 2012, qui a détruit les marges des uns et des autres. Dans l'affaire, Free, qui est toujours en train de construire son réseau mobile, en récupérerait un prêt à l'emploi, et Numericable-SFR, qui a perdu un million de clients depuis un an, pourrait regarnir son portefeuille d'abonnés. La Bourse, en tout cas, dit oui à la fusion : peu après l'annonce d'Orange et de Bouygues Telecom, les titres des quatre opérateurs étaient en forte hausse.